Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08 septembre 2016

L'inquiétante pyrale du buis

pyrale dans JM Crolles.pngPour tout savoir sur ce papillon envahissant, dont les chenilles dévorent nos buis, qui tournoie en nuages autour du moindre lampadaire, rendez-vous sur le site de la ville de Crolles. Tout y est dit. L’alerte était donnée dès le mois d’avril dans le journal municipal (cf ci-contre).

Terre Dauphinoise, dans son numéro du 28 mai 2016, nous mettait aussi en garde : « La menace de voir les buis succomber sous la dent de la pyrale se précise désormais en Isère ». Interrogé par cet Hebdomadaire d’information générale agricole et rural que je vous recommande, le responsable du service des espaces verts de la ville de Grenoble disait craindre une explosion à l’automne. Il avait raison, bravo pour la prévision !

Nous étions alertés, mais nous sommes démunis.

La montée à St Hilaire du Touvet par le chemin du Pal de Fer est devenue une épreuve... psychologique : les plus craintifs seront effrayés par les guirlandes de chenilles au milieu desquelles il faut zigzaguer et qui s'invitent dans leurs cheveux en pendant au bout de leur soie, les naturalistes se désoleront de la vision cataclysmique des arbres effeuillés dans la traversée des buis situés à l'amont du château de Montfort...

Bien sûr il existe des traitements, y compris biologiques, mais (à ce stade de l’invasion) personne n’imagine inonder les coteaux du Bacillus thuringiensis que l’on peut se procurer aisément en jardinerie (une remarque préventive au passage : pas besoin d’agrandir nos magasins de bricolage, on y trouve tout ce dont on a besoin).

Nombreux semblent être les particuliers qui jettent l'éponge et qui mettent fin aux traitements qu'ils avaient engagés l'année dernière, découragés par la voracité des chenilles dont aucune vague de froid hivernale n'a permis de réguler le nombre cette année.

La situation ressemble étrangement à celle du moustique tigre : les bons gestes, les bons comportements individuels ne changent pas grand-chose à l’affaire. Chacun fait ce qu’il peut, et constate que les papillons n’ont jamais été aussi nombreux. Le phénomène nous dépasse. L’individualisme est mis en échec. Ce n’est pas la somme des actions citoyennes qui fera reculer la pyrale, mais, nous verrons, la nature qui se régulera d’elle-même, ou bien les chercheurs qui trouveront la parade grâce au programme collaboratif Save Buxus, ou bien la collectivité qui décidera de mesures radicales et peut-être coercitives de prophylaxie.

Homme qui te croyait tout puissant, te voilà humilié par un vulgaire papillon dont tu connais tout.

Je suis stupéfait de la vitesse à laquelle la pyrale du buis s’est propagée. En quelques années, des surfaces immenses sont infestées.

Il est fascinant, aussi, de constater comme l’alerte et la connaissance du phénomène sont peu utiles pour s’en prémunir. Finalement, la société ne bouge qu’en réaction, la prévention reste toujours illusoire, superficielle, trop tardive. Nous avons besoin d’être enveloppé, ennuagé par la pyrale pour nous en préoccuper.

Il en sera sans doute de même pour le réchauffement climatique : l’information coule à flot, les alertes sont quotidiennes, mais nous avons encore besoin de quelques bonnes catastrophes, bien scandaleuses et dramatiques, avec de l’émotion qui déborde, pour engager vraiment des changements de trajectoire.

Il faudra aussi informer les partisans du « moins d’Etat » de ce phénomène curieux : quand la pyrale prolifère, l’habitant inquiet appelle la mairie, et non le « marché ».

Francis Odier, 8 septembre 2016

 

Source  de l’encart « Contre la pyrale du buis » : Magazine d’information de la ville de Crolles, avril 2016.

A lire : http://www.ville-crolles.fr/news/getnews.php?file=n_1280.xml

20:34 Publié dans Actualités - culture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : crolles |

05 septembre 2016

Devoirs de suite

Voici quelques nouvelles estivales sur des thèmes abordés récemment dans lecrollois.fr.

Faisant des commentaires sur le Journal du Grésivaudan de juin 2016, j’avais regretté que nos déchetteries ne collectent plus l’amiante, en particulier le fibrociment. Dans son édition du 13 août, Le Dauphiné Libéré enfonce le clou en relatant une alerte de l’Adevam (Association de défense des victimes d’accidents ou de maladies dus au travail) sur « les dangers et le risque qu’encourt la population du fait de l’absence de points de collecte des produits susceptibles de contenir des fibres d’amiante », avec la photo d’un dépôt sauvage de plaques en fibrociment …

DL 13 aout 2016 sur absence de collecte d'amiante.jpg

Le 25 mai, je faisais part de ma crainte des patous. Cet été 2016, je recense quatre accidents impliquant des patous dans les Alpes [Sources : DL et FR3].

  • Le 6 juin, dans les Hautes Alpes, "près de Serres, un homme qui promenait son petit chien ce dimanche a été attaqué par un chien patou qui gardait un troupeau de brebis. Le chien c'est jeté sur l'homme et l'a d’ailleurs légèrement blessé puis a attrapé le petit chien qu’il a tué".
  • Le 24 juin, "un vététiste a été mordu par un chien à Aussois. La victime a réussi à se débarrasser du patou, mais trois autres accourant, il n’a eu d’autre ressource que de prendre la fuite en courant, abandonnant son vélo".
  • "Le 29 juillet, un randonneur confirmé et baliseur de sentiers dans la vallée de l'Ubaye a été victime d'une attaque d'un chien patou. (…) L’association des randonneurs de la vallée, a interpellé le sous-préfet de Barcelonnette, les élus du territoire et le président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles". C’est d’ailleurs une ballade en Ubaye, avec une rencontre désagréable avec un molosse blanc, qui m’avait incitée à écrire l’article Loup Patou Tabou.
  • Le 14 aout, "une femme gravement mordue à Chichilianne". Il s’agit d’une attaque par deux chiens, c’est l’événement le plus grave de l’été, très commenté dans la presse régionale.

L’été n’est pas fini … mais j’espère que la saison du patou tire à sa fin.

Lidl s’agrandit à Crolles … et s’invite dans les réseaux sociaux. Peuples Solidaires lance une pétition « Pour que LIDL paie le vrai prix du travail ».

La pétition dénonce en particulier le sort des travailleurs agricoles des plantations de bananes et d’ananas : « Les travailleurs-ses agricoles sont exposé-e-s à des pesticides toxiques et souffrent de problèmes respiratoires, de nausées et de vertiges sans disposer d’un revenu suffisant pour se soigner. ». Je ne suis pas sûr que Lidl soit pire que ses confrères de la grande distribution … Mieux vaut acheter local !

Francis Odier, 4 septembre 2016

 

http://www.lecrollois.fr/archive/2016/06/21/minuscules-br...

http://www.lecrollois.fr/archive/2016/05/25/loup-patou-ta...

http://www.lecrollois.fr/archive/2016/08/06/grands-commer...

http://appels-urgents.peuples-solidaires.org/appel-urgent...

03 septembre 2016

L'été du tigre

Accablé par la chaleur, je traînai en manque d’inspiration au bord de la piscine chez des amis. Au deuxième apéritif, ou peut-être au troisième verre, le récit de nos mornes vies étant épuisé, la discussion s’anima et nous en vînmes à parler de choses sérieuses. Je dirais même, de choses piquantes. Car le tigre était là. Repu de notre sang.

Il faut une loupe pour en avoir la preuve et nous l’avions. La bête doit être capturée et elle le fut, plutôt morte que vive. Alors, la réalité, effrayante, s’abattit sur nous et il y eut un silence. Voile du déni évanoui. Il n’y a pas si longtemps, une dizaine de milliers d’années à peine, le Grésivaudan était écrasé par les glaces. Mais ce soir d’été 2016, c’est un moustique tropical qui m’arracha un juron de rage dans un vain sursaut, bien sûr trop tardif.

moustique tigre.jpg

J’avais vaguement entendu dire qu’il était arrivé dans le grenoblois. Mais avec l’insouciance du botaniste qui gambade dans les prairies sèches des coteaux, je le pensais cantonné aux zones humides de Meylan La Plaine Fleurie. Crolles, carrefour de la vallée, carrefour de distribution, n’est pas à l’abri des bêtes invasives.

Il est venu par les chantournes, sautant de fossé en fossé, ou bien confortement installé à l’arrière d’un véhicule  luxueux, ou porté par un vulgaire pigeon, nul ne le sait. Une chose est sûre cependant : il a oublié de prévenir. Une recherche rapide (« moustique tigre Crolles ») me conduit sur une actualité de la ville : « Moustique à crolles, où en est-on ? ». C’est rigolo, comme pour les rats, qui sont nombreux dans les carrefours, il y a le moustique des champs (Aedes) et le moustique des villes (Culex). Le rédacteur anonyme, sympa mais enduit dans l’erreur, veut rassurer et freiner l’ardeur des citoyens qui voudraient pulvériser à tout va des insecticides : « L'utilisation d'insecticides contre les adultes est maintenant réservée à la lutte contre le moustique tigre qui n'est pas présent jusqu'à maintenant sur la commune. » Le tigre ne s’est pas fait connaître auprès des autorités municipales, mais il est bien là, avec ces pattes zébrées si caractéristiques.

Mon récit tigré pour lecrollois.fr commençait à prendre forme, tout en restant dramatiquement incomplet. Allons, je ne suis pas naturaliste. Il faut une dimension politique !

Quelques jours ont suffi, la politique a sonné à la porte. Ou plutôt, un de ses représentants. Voici un agent de l'Entente Interdépartementale Rhône-Alpes pour la Démoustication (EID) qui mène l’enquête. Voyez comme la puissance publique est réactive ! Notre homme a ouï dire que le tigre sévissait dans les parages. Il traque l’eau stagnante, fait le tour de la maison, prodigue ses conseils et ne trouve rien. Le soir, intrigué par cette visite, après avoir bien lu le prospectus de l’EID, je me mue à mon tour en chasseur de foyers à moustiques. Je ne tarde pas à en trouver auquel je m’attaque fissa.

Ce fut ma contribution citoyenne de ce jour-là. J’étais le colibri, asséchant une minuscule flaque, comme vidant la mer avec une cuiller, sans aucun espoir de produire une quelconque atteinte à la population explosive de cette satanée bestiole, potentiellement porteuse des virus de la dengue, du chikungunya, du zika et peut-être d’autres joyeusetés que nous ignorons encore.

C’est la morale du tigre : fais ce que tu dois faire, quel qu’en soit l’effet. Que chacun prenne sa part. Autrefois, chacun déneigeait le bout de trottoir devant sa maison. Maintenant, on tue le moustique. Les temps changent, pas tant que ça.

Francis Odier, 3 septembre 2016

 

Les sites officiels : http://www.signalement-moustique.fr/signalement_albopictus/

www.moustiquetigre.org

La page crolloise : http://www.ville-crolles.fr/news/getnews.php?file=n_1129....

20:17 Publié dans Environnement | Lien permanent | Commentaires (0) |

31 août 2016

Notre nouveau conseiller municipal

Et voilà, enfin, Didier Deplancke est élu au conseil municipal (juin 2016).

Voulant conserver un grand nombre de sortants, la liste majoritaire l'avait placé assez loin dans l'ordre des postulants. C'est donc la démission d'Alain Pianetta qui permet à Didier de rejoindre le conseil où, j'espère, son expérience, son sens politique et son goût pour les affaires communes trouveront à s'exercer.

Militant de toujours, écologiste résolu, il a été - il est - de toutes les campagnes locales.

C'est avec reconnaissance que je rappelle ici que Didier a participé au lancement du crollois.fr. Bon courage, accroche-toi, les terrains d'action ne manquent pas !

Merci à Alain Pianetta pour ses engagements au service du collectif et pour l'accueil chaleureux qu'il a toujours réservé à nos rencontres.

Francis Odier, 31 aout 2016

 

Deplancke en campagne avec Piolle - 14 mars 2015.jpg

14 mars 2015, Lumbin, Deplancke (au centre) en campagne pour les élections départementales

06 août 2016

Grands commerces à Crolles : trois poids, trois mesures... Toi, tu me plais, mais pas toi !

Le comportement des zélés z'élus est tellement erratique en matière de grands commerces qu'il en devient drôle par son incohérence !

Enfin... drôle... pas tant quand on constate le nombre de vitrines désormais vides en centre-village...

 

484721841_B978262599Z.1_20160331165619_000_GDJ6GM0R0.1-0.jpg

Après avoir

  • lutté jusqu'en Commission nationale d'aménagement commercial (CNAC) contre l'agrandissement de Casino (voir aussi
  • défendu bec et ongles l'implantation de Carrefour devant la même commission (voir aussi ),
  • la commune a laissé se débrouiller Lidl (voir ) dans son projet de déménagement contesté, toujours en CNAC, par un concurrent : c'est ce qui ressort du dernier registre des actes administratifs de la préfecture de l'Isère !

Un jour, peut-être, on saura pourquoi telle enseigne plait plus que d'autres : j'espère que les motifs de choix ne sentiront pas trop le rance !

Emmanuel Wormser

06 juillet 2016

Une ferme en T.R.O.P.

C’est la surprise de l’été. Vous pensiez connaître le Théâtre sous la Dent, pilier de l’éducation populaire en Grésivaudan, connu pour ses spectacles en plein air. Et vous voilà dans une création loufoque et grave, moderne comme jamais, d’actualité vitale même si l’histoire se passe il y a quelques années.

Vache.JPGDe prime abord, il s’agit d’agriculture. En fait, c’est beaucoup plus profond. Poules, vaches, cochon … et quelques humains nous interpellent sur le sens de la vie. Nous voilà chez Kafka, avec aussi Camus et l’absurde, en compagnie des Monty Python. L’Europe n’est jamais loin. Je n’en dirai pas plus.

Le spectacle est joué à Crolles, près de la Marelle, à 21 h, jusqu’au 16 juillet. Pour tout public, cela s’impose.

On rit de bon cœur. Vous verrez des acteurs connus, beaucoup de nouveaux, tous prometteurs. Un régal engagé, une soirée vivifiante.

Francis Odier, 3 juillet 2016

Tracteur.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Enfants.JPG

Poules.JPG

Photos : Sylvain Odier

02 juillet 2016

Carrefour : le "ouf !" de la commune

Ouf ! doivent se dire les zélés élus de la commune qui ont soutenu le projet d'une nouvelle grande surface commerciale à Crolles : le projet a passé le cap de la CNAC malgré les efforts de deux concurrents... Le permis de construire va enfin pouvoir être accordé.

Nous avions décrit, et , ce projet parfaitement contraire à toutes les promesses électorales du maire et de "son" conseil municipal (joke!) de favoriser les petits commerces.

Après l'avis favorable de la Commission départementale d'aménagement commercial, deux concurrents ont fait appel : Lidl de Crolles et Super-U de Biviers. Le premier s'est désisté -tiens ?- et le second est allé au bout de l'exercice.

carrefourMarket.jpgLa commune, toujours convaincue de l'excellence de ce projet et alors qu'elle pouvait, très simplement, ne pas intervenir dans cette procédure, a envoyé son directeur des services techniques pour défendre le dossier : accompagné par l'avocat de la société, il a su convaincre la commission nationale. Le 12 mai dernier, elle rendait un avis favorable qui vient d'être publié au registre des actes administratifs de la préfecture.

Ouf donc ! Le permis de construire peut maintenant être accordé et rencontrer, si certains décident de le mettre en cause, de nouvelles contestations, devant le juge administratif cette fois, que ce soit par les concurrents de l'enseigne... ou par les voisins du terrain et -pourquoi pas ?- les associations environnementales locales !

Chiche ?

Emmanuel Wormser

29 juin 2016

ECOPLA vivra (peut-être)

C’est un dossier sur lequel tout le monde est d’accord : l’usine doit vivre et rester à Saint-Vincent de Mercuze. Un collectif de salariés se mobilise. Le Grésivaudan a voté une motion de soutien. L’Union Régionale des SCOP appuie le projet. Wauquiez écrit à Macron. Le patronat (Union Des Industries Métallurgiques, Electriques et Connexes) et la CGT font cause commune, le financement participatif (via la plateforme Ulule) s’annonce fructueux … et pourtant, rien n’est sûr, nous aurons peut-être un nouveau sinistre industriel.

logo Ecopla.jpgEn attendant, je vous invite à contribuer au financement du redémarrage de la production, le délai a été prolongé d’une semaine, jusqu’au 6 juillet : https://fr.ulule.com/ecopla-veut-devenir-une-scop/

A quoi va se jouer la pérennité – ou non – d’Ecopla ?

Vu de loin, c’est une question d’économie, le marché, la concurrence, la compétitivité, les résultats financiers etc. Quand on se renseigne, on apprend vite que le dépôt de bilan n’avait rien d’inéluctable, mais qu’il est probablement la conséquence d’errements industriels et / ou de choix financiers des actionnaires au détriment du site de Saint-Vincent de Mercuze. « Revendue plusieurs fois après sa sortie du groupe Pechiney en 1996, Ecopla est victime de ponctions de trésorerie de son actionnaire, au détriment de la satisfaction rapide des demandes des clients » écrit la CGT dans un communiqué.

Je n’ai pas vu les comptes, alors je vais rester prudent, sans avis direct sur la situation. Le fort consensus autour du projet de SCOP donne confiance dans la validité du projet. Je suppose que les services économiques du Grésivaudan et de la Région Auvergne Rhône-Alpes ont étudié le dossier. C’est d’ailleurs ce qui donne du sens aux motions de soutien.

Au fil de l’actualité, la survie d’Ecopla dépend d’une décision de justice (gestion d’une défaillance d’entreprise, choix du repreneur) : le procureur fera-t-il appel de la décision « honteuse » du tribunal de commerce en faveur du groupe Cuki qui propose de payer les dettes sociales et fiscales, de reprendre les machines … et de fermer le site ?

Le procureur dépend du gouvernement, la viabilité de la SCOP dépend du soutien des pouvoirs publics et des collectivités territoriales …. Oublions l’économie, l’affaire est surtout politique. On en revient vite à l’essentiel : quelles ressources sommes-nous prêts à consacrer aux activités productives ? à l’industrie ? à l’emploi ? au travail ?

La compétence économique est partagée entre la communauté de communes, la région, l’état. Un coup d’œil au budget du Grésivaudan (adopté à l’unanimité des suffrages exprimés, avec 5 abstentions, le 4 avril 2016) montre le montant significatif des aides versées à ST (principal employeur privé de la vallée) : 6,5 M€ en 2016, presque 1000 euros par emploi direct. A noter aussi : 650 k€ pour des entreprises labellisées par les pôles de compétitivité Minalogic et Tennerdis. Nous avons déjà parlé dans le Crollois.fr des actions de réhabilitation des friches. Ajoutons 800 k€ pour le secteur touristique (dont une partie pour compenser l’inévitable déclin lié à la baisse de l’enneigement … Sisyphe et les Shadocks en télésiège).

Voilà, nous avons fait le tour de la contribution économique « au service de l’emploi ». Ce n’est pas rien. C’est considérable. C’est bien sûr trop peu pour nourrir une politique de vitalisation industrielle.

Il faudra bien, un jour, mettre le frein sur les dépenses de loisirs et investir encore plus dans la localisation de la production, en acceptant de prendre des risques et de s’endetter. Les collectivités locales ont un fort pouvoir d’entraînement. Chaque euro investi par la puissance publique favorise l’investissement privé. Dans le cas de Grési21 (Centrales Villageoises du Grésivaudan, pour la production locale d’énergie), les personnes privées ont apporté environ 120 k€ et les collectivités 30 k€. Si les collectivités avaient boudé le projet, la mobilisation citoyenne n’aurait pas eu cette ampleur.

Pour Ecopla, les besoins financiers ne sont pas énormes à l’échelle du Grésivaudan. Il manque peut-être 2 M€ si on se place en pure comparaison avec le groupe Cuki, beaucoup moins si les processus de décision (SCOP # cession et fermeture) prenaient en compte les avantages et inconvénients sociétaux de chaque solution.

La proposition conclusive s’impose : créer un fonds d’investissement public, sous l’égide de la communauté de communes, ayant comme vocation de prendre (si possible, à froid, avant toute défaillance économique) des participations minoritaires dans des entreprises du territoire, avec comme principe d’action de susciter des effets d’entraînement sur les investisseurs privés.

Francis Odier, 29 juin 2016

 

Pour mémoire : relire l’idée n° 34 - Idée de politique économique : privatiser et collectiviser, 26 janvier 2014.

Lire la suite

21 juin 2016

Minuscules brèves

La sobriété est notre avenir (tôt ou tard, qu’on le veuille ou non). Autant commencer tout de suite. Voici quelques minuscules brèves éclairantes sur notre démocratie encalminée.

Je lis GL’Info, le Journal du Grésivaudan, juin 2016. Dans sa catégorie d’organe officiel d’une collectivité territoriale,  c’est un bon journal, plein d’infos. Il faut le lire attentivement.

Le changement est radical. Il est page 9. « Bientôt une maison de service au public » (MSAP). Elle remplace une Maison de Service Public (MSP). Et ce n’est pas un gag !

Plusieurs pages sont consacrées à TouGo, le « nouveau réseau de transport urbain du Grésivaudan ». Irrésistiblement, je pense au Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Le visuel, le visage, les noms et la numérotation des lignes … tout change. Il faut attendre le dernier petit paragraphe pour voir enfin écrit ce qui devrait être l’évidence guidant la réflexion : « L’organisation des transports à l’échelle de l’agglomération grenobloise élargie s’impose ». Alors, quelle réponse envisagée face à ce constat : « Grenoble-Alpes Métropole, le Pays Voironnais et le Grésivaudan ont l’ambition de créer une structure juridique adéquate pour mieux travailler ensemble sur la coordination des offres, la billettique, l’information des usagers ». Oui, vous avez bien lu. Ils ont l’ambition, mais pour l’action, on verra un autre jour. Là où il faudrait simplifier, ils veulent compliquer et créer une structure juridique. Et quand la structure sera créée, on pourra réfléchir sur comment mieux travailler ensemble …. A ce rythme, je comprends que les élus aient souvent envie de faire plusieurs mandats ...

Lacan, en plein discours professoral :

lacan.jpg

Le PAV, Point d'Apport Volontaire, était moribond, le voilà cantonné aux communes de montagne et aux zones d’habitat collectif (sous réserve …). Qui a dit que les gouvernants n’écoutent pas le peuple ? La mobilisation citoyenne a été fructueuse. La prochaine fois, peut-être que les élus s’intéresseront aux « éléments chiffrés » et à l’avis de la population avant de voter.

Voici le mode d’emploi des déchetteries (page 14). Il est parfaitement clair. Je me permets deux précisions. Il est écrit « les particuliers ont l’interdiction de brûler leurs végétaux à l’air libre ». Hélas, il faut compléter : les agriculteurs bénéficient du droit de cette combustion qui « dégage de nombreuses substances polluantes et néfastes pour l’environnement ». C’est le Préfet qui délivre ce droit à empoisonner l’atmosphère. Avec quelques camarades crollois, nous avions donné notre avis lors de l’enquête publique sur le Plan de Protection de l’Atmosphère  … mais le Préfet est passé outre. La participation à l’enquête sur le PPA avait été minuscule, limitée surtout à quelques associations et militants environnementalistes.  Les agriculteurs sont bien mieux organisés.

L’avertissement de bas de page mérite qu’on s’y arrête un instant : « L’amiante n’est acceptée dans AUCUNE déchetterie du territoire ». Et alors, on fait comment pour le fibrociment qui est encore si répandu sur les toitures de bâtiments construits dans les années 60 ? On cherche une déchetterie en dehors du Grésivaudan, et on peste contre cette faille dans l’esprit de service public de notre communauté de communes.

Pour conclure, une petite dernière, minuscule brève. C’est un mot, un seul mot qui en dit plus long que bien des discours. Ce n’est pas dans le journal, ce n’est pas une correspondance privée, ce n’est pas un mot volé. Ça se passe à Crolles. Et c’est le maire qui écrit aux associations. Ce qu’il dit est tout à fait banal, mais néanmoins important. Il donne le programme du forum des associations, le 3 septembre prochain. Un puriste dirait qu’il y a une petite incohérence dans le texte. La lettre est signée par le maire, mais à un moment, ce n’est plus lui qui parle. Ou bien, il fait comme Jules César, il dit « lui » à la place de « je ». Peut-être est-ce les romains qui nous ont légué la monarchie. En tout cas, nous avons du mal à nous en débarrasser. On le dit souvent, et encore plus maintenant que l’élection présidentielle se rapproche, beaucoup de nos concitoyens veulent avoir un chef, comme s’ils regrettaient le roi.

Sans plus attendre, voici le lapsus commis par un fonctionnaire territorial qui, à son insu, se fait le propagandiste de la tentation autocratique contre laquelle il nous faut chaque jour résister. Lisez bien. Pesez les mots. Souvenez-vous de Lacan, toute parole est signifiante. Etes-vous prêt ? Allez-vous sursauter comme je l’ai fait, lisant, relisant et soulignant cette preuve de la présence insidieuse et persistante de l’esprit seigneurial que j’abhorre ? Ce mot en trop n’est pas un intrus. Il est dans le texte comme chez lui, vautré dans le consensus dominant, désignant par trois lettres la mal démocratie qui nous mine.

« 12 h : tous les responsables d’associations sont conviés à la Marelle à l’apéritif d’ouverture en présence du Maire et de son conseil municipal ».

Diantre, diront certains ! Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat ! L’expression est usuelle : le maire et son conseil municipal. Alors, il nous reste à renverser les tables, à mettre les choses à l’endroit et la démocratie debout. S’il faut un possessif, nous devons l’inverser : le conseil municipal et son maire, voilà qui correspondrait mieux à ce que prévoient les textes. 

Le son est bref, mais il résonne longuement. Renversons le son, voici nos qui apparaît, comme une promesse de collectif. Nos élus nous invitent à notre forum des associations. Approprions nous la ville, la politique, nos biens communs.

Francis Odier, 18 juin 2016.

Le courrier aux associations : Invitation forum association 2016 - courrier du 3 juin 2016.jpg

25 mai 2016

Loup Patou Tabou

Les voyages forment la jeunesse, a dit le professeur. Alors, j’ai pris le baluchon et je suis parti. Chez nos cousins sardes. Ce que j’ai vu est stupéfiant. J’étais comme euphorisé. Les chèvres en liberté peuplent la montagne. Les moutons vaquent en paix. Sur cette île autrefois connue pour ses brigands, le loup est inconnu. Chèvre sarde.JPG

Alors, tout est prêt pour le cercle vertueux. Pas de loup, pas de patou. Pas de menace, pas d’agression, pas de conflit. Bergers, ovins et randonneurs cohabitent paisiblement, pour le plus grand bien de tous. Quel contraste avec nos montagnes et nos alpages ! Ici, troupeaux et bergeries sont gardés en permanence par des molosses vigilants qui ont à cœur de signaler leur présence à l’intrus.

patou-©-J_L_-Borelli-FERUS.jpg

 Nous voulions les loups ? Nous avons les patous et le sujet est tabou.

Lire la suite