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08 septembre 2016

L'inquiétante pyrale du buis

pyrale dans JM Crolles.pngPour tout savoir sur ce papillon envahissant, dont les chenilles dévorent nos buis, qui tournoie en nuages autour du moindre lampadaire, rendez-vous sur le site de la ville de Crolles. Tout y est dit. L’alerte était donnée dès le mois d’avril dans le journal municipal (cf ci-contre).

Terre Dauphinoise, dans son numéro du 28 mai 2016, nous mettait aussi en garde : « La menace de voir les buis succomber sous la dent de la pyrale se précise désormais en Isère ». Interrogé par cet Hebdomadaire d’information générale agricole et rural que je vous recommande, le responsable du service des espaces verts de la ville de Grenoble disait craindre une explosion à l’automne. Il avait raison, bravo pour la prévision !

Nous étions alertés, mais nous sommes démunis.

La montée à St Hilaire du Touvet par le chemin du Pal de Fer est devenue une épreuve... psychologique : les plus craintifs seront effrayés par les guirlandes de chenilles au milieu desquelles il faut zigzaguer et qui s'invitent dans leurs cheveux en pendant au bout de leur soie, les naturalistes se désoleront de la vision cataclysmique des arbres effeuillés dans la traversée des buis situés à l'amont du château de Montfort...

Bien sûr il existe des traitements, y compris biologiques, mais (à ce stade de l’invasion) personne n’imagine inonder les coteaux du Bacillus thuringiensis que l’on peut se procurer aisément en jardinerie (une remarque préventive au passage : pas besoin d’agrandir nos magasins de bricolage, on y trouve tout ce dont on a besoin).

Nombreux semblent être les particuliers qui jettent l'éponge et qui mettent fin aux traitements qu'ils avaient engagés l'année dernière, découragés par la voracité des chenilles dont aucune vague de froid hivernale n'a permis de réguler le nombre cette année.

La situation ressemble étrangement à celle du moustique tigre : les bons gestes, les bons comportements individuels ne changent pas grand-chose à l’affaire. Chacun fait ce qu’il peut, et constate que les papillons n’ont jamais été aussi nombreux. Le phénomène nous dépasse. L’individualisme est mis en échec. Ce n’est pas la somme des actions citoyennes qui fera reculer la pyrale, mais, nous verrons, la nature qui se régulera d’elle-même, ou bien les chercheurs qui trouveront la parade grâce au programme collaboratif Save Buxus, ou bien la collectivité qui décidera de mesures radicales et peut-être coercitives de prophylaxie.

Homme qui te croyait tout puissant, te voilà humilié par un vulgaire papillon dont tu connais tout.

Je suis stupéfait de la vitesse à laquelle la pyrale du buis s’est propagée. En quelques années, des surfaces immenses sont infestées.

Il est fascinant, aussi, de constater comme l’alerte et la connaissance du phénomène sont peu utiles pour s’en prémunir. Finalement, la société ne bouge qu’en réaction, la prévention reste toujours illusoire, superficielle, trop tardive. Nous avons besoin d’être enveloppé, ennuagé par la pyrale pour nous en préoccuper.

Il en sera sans doute de même pour le réchauffement climatique : l’information coule à flot, les alertes sont quotidiennes, mais nous avons encore besoin de quelques bonnes catastrophes, bien scandaleuses et dramatiques, avec de l’émotion qui déborde, pour engager vraiment des changements de trajectoire.

Il faudra aussi informer les partisans du « moins d’Etat » de ce phénomène curieux : quand la pyrale prolifère, l’habitant inquiet appelle la mairie, et non le « marché ».

Francis Odier, 8 septembre 2016

 

Source  de l’encart « Contre la pyrale du buis » : Magazine d’information de la ville de Crolles, avril 2016.

A lire : http://www.ville-crolles.fr/news/getnews.php?file=n_1280.xml

20:34 Publié dans Actualités - culture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : crolles |

Commentaires

Bonjour ,

La solution pourrait venir des insectivores si nous en avions plus, même si je n 'en suis pas totalement certaine bien sur. J 'ai notamment observé dans mon jardin des comportements nouveaux chez des oiseaux chasseurs d'insectes en vol (gobemouche gris et noir, roitelet, pouillot veloce) qui semblent en groupe, foncer sur les buissons remplis de papillons de pyrale pour créer un surprise et un envol et ensuite les attraper en vol. Le rouge gorge aussi se goberge de ses papillons et de fait semble avoir une attitude de gobemouche lors de ses chasses. Les mésanges ont du manger quant à elles bon nombre de chenilles, mais il semble que les populations de mésange aient été un peu basse cette année. On peut aussi imaginer que les chauve souris sont de la partie aussi.

Malheureusement, le tarier des prés (infatigable insectivore) a disparu de la plaine, le tarier patre n 'est plus très courant, les engoulevents sont très rares et les hirondelles (rustiques et de fenetre) sont peu nombreuses au regard des populations d'autrefois..... et la liste est encore plus longue, je ne cite que les plus typiques.

En conclusion, tous ces insectivores qui souffrent de la rarefaction de leur habitat et des pesticides depuis de nombreuses années, et dont les populations diminuent lentement mais inexorablement, tout en passant inapercu du fait de l'amnésie générationnelle, ces insectivores nous font défaut à l heure actuelle.

merci pour votre billet. Géraldine Leduc

Écrit par : Le Duc | 19 septembre 2016

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