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22 mars 2018

Discorde et diversité

Depuis les élections municipales 2014, des discordes et séparations sont apparues dans plusieurs majorités, conduisant par exemple à de nouvelles élections en 2017 à Lumbin et La Terrasse et à un changement de maire à Meylan.

ob_332283_pomme-de-la-discorde.jpgIl n’y a pas d’interprétation unique à de telles interruptions prématurées de mandat. C’est parfois le signe d’une vitalité démocratique, les débats s’exprimant publiquement alors qu’ailleurs ils restent confinés dans le secret des alcôves. Dans ces communes où les désaccords grandissant interdisent la cohabitation au sein d’une même majorité, des conseillers prennent leurs responsabilités en démissionnant plutôt qu’en cautionnant des choix ou des pratiques qu’ils désapprouvent.

La discorde est souvent symptôme de diversité, prélude au foisonnement créatif. On peut aussi y voir une concurrence stérile et gaspilleuse d’énergie, éloignant d’un but commun.

A Crolles, l’opposition n’est pas en grande forme. Depuis le début du mandat, on compte trois démissions pour raisons personnelles et plusieurs refus de siéger suite à ces démissions. La ligne politique n’est pas très claire, la crédibilité des élus est parfois mise en question.

Ayant été candidat sur la liste La Parole aux Crollois, je prends ma part dans l’origine de cette situation. Quelles que soient les vicissitudes de la vie politique et les aléas personnels des élus et anciens candidats depuis 2014, l’affaire s’est jouée, en grande partie, lors de la préparation des élections. A l’époque, nous avons été à deux doigts de ne pas réussir à constituer une liste électorale. Fallait-il y aller, avec cette liste de bric et de broc sans fil conducteur bien établi, ni collectif, ni leader ? Nous nous sommes dit qu’il ne fallait pas renoncer à contribuer à la démocratie représentative. D’autres, plus lucides, pensaient qu’il était préférable, en acceptant qu’il n’y ait qu’une seule liste candidate, d’afficher la couleur, à savoir le fonctionnement par cooptation, l’atonie démocratique, l’assèchement du débat, l’indifférence ou le découragement des citoyens face à la reproduction machinale de la majorité municipale avec ses acteurs inusables, son programme et ses pratiques.

Le marasme politique est donc un résultat collectif. Chacun porte une part de responsabilité dans la la qualité des instances municipales et la personnalité des élus, responsabilité plus ou moins grande selon ses capacités personnelles et sa situation dans la commune. Il y a ceux qui n’ont pas essayé et ceux qui ont échoué, ceux qui ont laissé faire, ceux qui ont étouffé les initiatives ou monopolisé la parole publique … on peut continuer l’inventaire à l’infini.

Notre époque cultive l’individualisme, valorise la performance individuelle, voit l’intérêt général comme la somme d’intérêts particuliers, croit que le rôle du dirigeant est d’édicter des règles morales, condamne les comportements personnels fautifs sans même vouloir les comprendre. Alors, je sais bien que plaider la responsabilité collective d’une situation n’est guère audible. Et pourtant … il faudrait marcher sur deux pieds : l’individu, le groupe. La dialectique et la complexité ne sont guère nos spécialités de gaulois mal dégrossis. Nous préférons sautiller sur une seule jambe, au risque de faire du surplace. Heureusement, ailleurs et même ici, le monde bouge et les esprits évoluent.

Francis Odier, 22 mars 2018

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