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24 février 2015

La concertation à Crolles : grandeur... et vigilance !

Deux revues municipales successives annoncent, avec tambours et trompettes, le lancement de grands projets qui seront soumis à une large concertation avec le public et les personnes concernées.

Jouez hautbois, résonnez musettes : la participation du public serait donc enfin prise au sérieux dans notre bonne commune ; c'est une révolution copernicienne pour des habitants longtemps bercés -bernés ?- par une réunionite aigüe manifestement stérile -l'élaboration du PLU comme celle de l'agenda 12 en étant les plus belles démonstrations.

Malheureusement, la lecture attentive de documents émanant de notre mairie bien-aimée impose la plus grande vigilance : "on va repeindre toute la maison : de quelle couleur voulez-vous la poignée du placard de la buanderie ?"


Des éléments de langage univoques : la concertation, c'est maintenant

 

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première réunion des Etats Généraux - Gravure extraite d'un manuel scolaire de 1968

C'est le journal municipal de décembre qui ouvre le ban : de la présentation, avec quelques approximations juridiques d'ailleurs, du projet de constitution d'une association foncière agricole en vue de valoriser les coteaux, on retiendra les expressions "construire ensemble", "que d’autres personnes se joignent au groupe, ouvert à tout citoyen intéressé".

 "En 2015, prenez part au dialogue", "les projets menés par la collectivité nous concernent tous, chacun peut prendre part à leur construction. C’est cette notion du faire ensemble que je souhaite, avec le Conseil municipal, vous faire partager, tout au long de l’année", "esprit de dialogue", "dynamique participative", "volonté d’associer toujours plus la population aux projets", "la concertation vit à Crolles", "moments d’échanges et de dialogue citoyen", "chacune et chacun peut participer"...

L'éditorial du journal municipal de janvier sonne comme une prière incantatoire : désormais, les projets structurant le territoire communal se construiront avec la population. Trois pages (6, 7, 10, 11) viennent ensuite illustrer ce nouveau mouvement.

En février, nouvelles annonces en même sens :

  • "des réunions et rendez-vous de concertation qui se profilent", "penser avec vous" dans l'éditorial,
  • "démarche participative", comité consultatif", "concertation plus large" pour le cœur de ville,
  • "une concertation associant les habitants", "des réunions publiques" pour le quartier durable,
  • "en concertation avec les acteurs des transports et les usagers" pour le plan de déplacements

 Une page du site web de la commune est même dédiée aux grands projets pour appuyer la transparence désormais affirmée de l'activité municipale

 

Fanfare réjouissante ... et vigilance collective plus encore incontournable

Quand bien même la substantivation de verbes est incongrue, le ton est donné : le "construire ensemble" pour assurer le "vivre ensemble" impose désormais à Crolles une concertation tous azimuts, une participation intense du public.

Il revient maintenant à la population de saisir cette opportunité par une présence active à tous ces groupes de travail, notamment pour garantir à ces projets une cohérence, propre et entre eux.

Les risques de dérive sont en effet nombreux dans une collectivité qui va découvrir un exercice nouveau qu'elle n'a jamais sérieusement mis en œuvre.

 

Comme à chaque occasion donnée de le rappeler, on regrettera en premier lieu que le monde du travail -les salariés et leurs représentants- soit une fois de plus exclu du dispositif annoncé. La requalification de l'entrée de ville et la création d'un nouveau quartier d'habitation touchent autant les administrés crollois que ceux qui, par leur activité professionnelle, font la richesse économique de la commune : futurs habitants pour partie des 337 -ni 336 ni 338, l'architecte serait déjà passé ?- logements annoncés dans le "quartier durable", l'absence de ces derniers laisse pantois.

Je veux croire ensuite que Crolles saura être à l'écoute, en les invitant formellement et sans exercer de pression, de ceux qu'elle a poussés au contentieux par un autisme qu'on espère dépassé* ? Acteurs de la vie locale, engagés dans la réflexion prospective sur l'aménagement de notre territoire, on ne saurait leur reprocher d'avoir dû rappeler aux édiles locales que la loi est l'expression de l'intérêt général.

 

Au delà des acteurs invités à ce concert, force est de s'interroger sur ce qui sera laissé à la discussion : les premières décisions prises pour faire avancer les projets présentés poussent à une vigilance accrue.

Sur le quartier durable par exemple, des décisions structurantes semblent déjà actées ; au delà des seules modalités de la concertation décidées lors du conseil municipal de décembre en vue de la création d'une ZAC, force est de constater que les grands lignes de l'aménagement du quartier sont déjà dessinées, jusqu'au nombre de logements à créer. La page 9 de la revue municipale de février ne laisse pas de doute sur l'importance de ce qui n'est déjà plus ouvert à la discussion.

Mieux encore, lors du même conseil, le maire a annoncé qu'une modification du plan local d'urbanisme allait être engagée : les objectifs décrits sont clairs et ne laissent aucune place -sauf dans le cadre purement formel de l'enquête publique- au "construire ensemble" invoqué dans la presse locale. On remarquera d'ailleurs que cette annonce est restée cachée à ceux qui ne participent pas au conseil... et que l'arrêté annoncé pour janvier n'est pas pris à notre connaissance.

Puisque la démarche affichée propose en fait aux crollois de véritables états généraux, au sens vizillois du terme, soyons nombreux à répondre à cette invitation.

Rendez vous aux réunions de quartiers ou thématiques, contribuez aux groupes de travail et participez aux procédures que la loi impose -au delà de la concertation organisée à l'initiative de la collectivité, quatre enquêtes publiques et une consultation seront apparemment organisées en 2015 (enquête parcellaire au pré noir, enquête publique pour l'extension Crolles 300E de STMicro, enquête pour la modification du plan local d'urbanisme, enquête pour le déclassement d'un délaissé de voirie, consultation pour la création de la ZAC).

Et soyons ensemble vigilants pour que la concertation ne porte pas seulement sur la couleur de la poignée du placard de la buanderie. Gageons qu'ainsi nous éviterons... la prise de la Bastille.

 

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les parisiens attaquent la Bastille - Gravure extraite d'un manuel scolaire de 1968

 

Emmanuel Wormser

 

*la commune saura-t-elle se départir du comportement pour le moins ...discutable... adopté par le Conseil Général de l'Isère dans le dossier du Center Parcs, où des associations ont failli être exclues du dialogue environnemental par ce qu'elles ont dû porter devant les juridictions leur désaccord ?

Commentaires

Clairement, nous attendons - encore - la prise en compte de l'avis des Crolloises et Crollois.
Avoir des réunions de "concertation" pour montrer que la majorité ferait de la concertation ? Pure opération de communication !
L’essentiel est la prise en compte des avis donnés par les habitants, les associations, les élus minoritaires, les personnes touchées directement par le projet en question...

Écrit par : Maxime Le Pendeven | 28 février 2015

en mars, ça recommence : substantivation abominable du verbe vivre, pour user et abuser de l'expression "le vivre ensemble" reprise quatre fois dans un éditorial de revue municipale qui tient en cinq paragraphes...

et si on adoptait la langue française ?
s'y tromper est bénin, la trahir est malin !
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Écrit par : Emmanuel Wormser | 05 mars 2015

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