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03 octobre 2013

La représentation des minorités

La représentation des minorités

Lire est un bonheur. Ami lecteur, fidèle ou de passage, nul ne sait de quoi tu te nourris parmi littérature, poésie, mangas déjantés, brèves de comptoir, presse libérée, enchaînée ou martyrisée. Je te conseille un intermède dans tout cela. Une lecture rare, instructive comme peut l’être un vieux parchemin soigneusement archivé dans une abbaye paisible.

Connais-tu les procès-verbaux du conseil municipal de Crolles ? Ils sont publics. Souvent filtrés, toujours épurés, ils persistent néanmoins comme des traces vivantes de notre histoire locale. Avec un peu d’entraînement, on découvre parfois, en époussetant les scories, en grattant la langue de bois qui encrasse le texte, quelques pépites qui éclairent les présupposés profonds enfouis dans les cervelles de nos élus.

En voici un exemple. Simplissime. Lumineux.

En tete PV 6 juillet 2012.png


« Délibération n° 105-2012 : Remplacement d’un conseiller communautaire démissionnaire.  

Les  statuts  de  la  Communauté  de  communes  du  Pays  du  Grésivaudan  prévoient  que  la  commune  de Crolles est représentée au sein du conseil de communauté par 10 délégués. Monsieur le Maire informe les membres du conseil municipal qu’il a fait part le 30 juin 2012 de sa démission de son mandat de conseiller communautaire. Il rappelle que, lors de la démission de Francis Odier, délégué auprès de la Communauté de communes représentant les minorités, c’est M. Vincent GAY qui a été élu à sa place. Dans la mesure où c’est un élu du Parti Socialiste qui démissionne, il est logique que soit un élu du même parti qui prenne la suite. »

Alors, qu’avez-vous lu ? Rien d’extraordinaire ? Le député-maire abandonne la présidence de la communauté de communes. Il était temps ! Oui, mais ce n’est pas de cela dont je veux parler.

« Francis Odier, représentant les minorités ». C’est dingue ! Je croyais représenter la commune, avec d’autres élus crollois, et voilà que le maire me voyait comme représentant les minorités. Si seulement j’avais su ! Aussitôt, je saisissais la Halde (qui n’était pas encore dissoute à l’époque) pour discrimination.

En inventant cette formule, représentant les minorités, le maire réécrit le code général des collectivités territoriales, réécrit l’histoire et s’affranchit de toute réalité politique.

Il faut rappeler qu’à Crolles, le conseil municipal comprend des élus venant de trois listes différentes. Il y a donc, pour simplifier, deux minorités.

En fait, j’avais été élu délégué communautaire au 3ème tour, au bénéficie de l’âge, contre Vincent Gay, candidat issu de la liste Ecologie pour Crolles. Demandez à Vincent et Nelly, ils n’ont jamais imaginé que je les représentais, ne m’ont jamais sollicité pour une intervention en leur nom !

En globalisant ainsi « les minorités », le maire masquait tout simplement la non proportionnalité de l’élection des délégués communautaires.

Il exprimait aussi, et c’est le plus grave, une vision partisane du délégué, celui-ci représentant (selon lui) ses électeurs, non l’intérêt général.

Dans l’approche démocratique que je défends, à l’opposé de ceux qui privilégient la discipline de parti, un élu local représente l’intérêt général, en commençant – mais sans exclusive – par un point de vue ancré dans sa collectivité territoriale.

Poursuivons sur cette notion de « minorité ». Il est tout à fait simpliste – et erroné - de définir les clivages politiques au sein d’une assemblée locale en se fondant sur les listes constituées pour les élections. Par exemple, après deux ans de mandat, une de mes colistières me confiait se sentir beaucoup plus proche de la majorité que des idées que j’exprimais au conseil.

Figer les minorités à partir des résultats électoraux revient à interdire de changer de point de vue, à exclure d’office toute construction politique coopérative. C’est la sclérose mentale et le conservatisme érigés en doctrine ultime !

Francis Odier, 3 octobre 2013

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