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03 octobre 2013

Réforme des rythmes scolaires - encore trop tôt pour le bilan

Réforme des rythmes scolaires – encore trop tôt pour le bilan

En ce début octobre 2013, on pourrait croire que les médias nationaux se sont donnés le mot. Les critiques tombent comme à Gravelotte sur la mise en œuvre souvent chaotique, parfois calamiteuse, des nouveaux rythmes scolaires. Les enfants seraient perturbés, fatigués, déboussolés … le tout pour des activités à valeur éducative limitée. Drapé dans sa dignité de gardien de l’Ecole de la République, le ministre rend coup pour coup, accuse ses contradicteurs d’intentions partisanes et défend bec et ongle l’idée que la réforme est fondatrice et engage la rénovation du système éducatif.

A Crolles, où en sommes-nous ?

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Je vais droit au but. Il est trop tôt pour conclure.

Le conseil municipal a choisi une approche expérimentale – comme cela apparaît très clairement dans le procès-verbal de la séance du 22 février 2013 où a été décidée la mise en œuvre à partir de la rentrée 2013. PV-CM-22-02-13 - avec débat sur rythme scolaire.pdf  Voici quelques extraits :

Philippe Lorimier : « (il faut)  mettre en application tout en continuant à faire de la pédagogie et  de la concertation. Au  bout d’un an de mise en œuvre on évalue pour voir  s’il y a des choses à faire évoluer. Le cadre de la réforme permet ensuite de nouveau au bout de 3 ans de rediscuter sur l’organisation mise en place. »

Olivier Leroux : « Il faut mettre des choses en place et voir comment cela se passe ».

Anne-François Hyvrard : « On a alors deux choix, soit on attend et on ne fait rien, soit on continue à avancer malgré quelques aléas. Elle propose la deuxième solution car elle pense qu'elle permet une vraie amélioration pour les enfants et leurs conditions d'apprentissage. »

Dans ce schéma, un bilan n’a de sens qu’après plusieurs mois de fonctionnement. Les perturbations constatées aujourd’hui ne sont rien de plus que les perturbations annoncées, anticipées, acceptées. Il ne sert à rien d’en faire l’inventaire. Tout au plus peut-on expliquer aux parents mécontents qu’ils sont embarqués dans une expérience que tout le monde savait périlleuse, que leurs enfants subissent une prise de risque assumée par la majorité municipale … et que leur témoignage sera utile pour la suite.

Espérons aussi que la municipalité n’attendra pas 3 ans pour rediscuter l’organisation mise en place » !

Lors du bilan, dans quelques mois, il faudra soigneusement différencier les choses selon la situation des parents. En première hypothèse, il semble que le changement de rythme soit positif pour les familles qui peuvent récupérer leurs enfants plus tôt dans l’après-midi (donc sans passer par l’accueil périscolaire). En revanche, l’augmentation des « temps périscolaires » (du point de vue de l’enfant, peu importe le statut administratif de ces temps) accentue la fatigue des enfants condamnés (si j’ose dire) à rester plus longtemps à l’école.

Un problème de cette réforme est qu’elle accentue les inégalités sociales et territoriales, à l’opposé exact des intentions affichées de ses promoteurs.

En attendant le bilan, revenons sur la décision de mise en œuvre de la réforme dès la rentrée 2013. Tout a été dit et écrit sur les motivations profondes des communes qui ont fait ce choix. Ce sont pour la plupart des municipalités socialistes dont les maires voulaient apparaître comme « bons élèves » solidaires du gouvernement. C’est un triste constat, encore une conséquence du cumul des mandats, je ne suis pas le seul à déplorer la situation.

A Crolles, le procès-verbal de la réunion décisive du conseil municipal révèle un autre motif, tout aussi désolant. Les élus renoncent, baissent les bras, font d’avance un constat d’échec de la concertation. Extraits (je cite plusieurs élus) : « il semble qu’un  blocage  existe sur ces modifications proposées par la réforme et il sera très difficile de le dépasser si on prolonge la concertation. Il ne faut pas laisser traîner en longueur » ; « Que l’on ait 6 ou 18 mois, on n’aura pas plus de temps efficace de concertation » ; « A un moment il est certain qu’il va falloir trancher sur le délai de mise en œuvre pour pouvoir travailler sur le fond » ; « Il ne  s’agit pas d’un problème de manque de concertation mais  plutôt d’un manque de capacité à avancer et proposer quelque chose d’alternatif » ; « Il  faut fixer un cadre et faire des propositions car sans cela on ne pourra pas avancer ».

La décision de mise en œuvre à la rentrée 2013 a donc été prise au nom de la prétendue impossibilité de la concertation d’aboutir à un consensus avec la communauté éducative.

Et face à ce terrible constat d’échec, la municipalité reste imperturbable, droit dans ses b(r)ottes.

Quelques mots encore. Je vous conseille de lire et relire les procès-verbaux du conseil municipal. L’importance du dossier se voit au nombre d’intervenants, plus élevé qu’à l’ordinaire. Les fidèles du maire sont montés au créneau. Et alors que deux conseillers (Alain Pianetta et Vincent Gay) ont exprimé explicitement leur préférence pour un report en 2014, seul un élu a eu la cohérence de voter Contre la délibération finalement mise au vote (il est dommage que les procès-verbaux ne précisent pas qui vote quoi).

Bon courage à tous, enfants, enseignants, parents … qui vivaient de près les conséquences de décisions prises selon des méthodes qui font frémir.

Francis Odier, 3 octobre 2013

 

A lire - le quotidien d'information en ligne des collectivités locales :
http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&cid=1250266000373

Un petit article sympa dans Marianne :

http://www.marianne.net/Le-trop-plein-je-m-en-plains_a232... 

Extrait : Je n’ai pas d’avis particulier sur les rythmes scolaires, et je considère que ne pas avoir d’avis est en soi une bonne chose. Mais j’ai peine à croire, aujourd’hui, si j’étais un enfant, ce qui reste une possibilité à l’aune de ce simple fait que l’inconscient n’a pas d’histoire, et que l’enfance demeure le principal dépaysement de l’âge adulte, j’ai peine à croire que les enfants d’aujourd’hui sont comblés lorsqu’on leur propose trop de choix.

Je suis effondré par la somme d’activités que l’on offre de nos jours aux enfants. Je ne parle pas seulement de l’initiation au hip hop et aux claquettes, je ne parle pas seulement des ateliers poteries, et des parcours culturels dans les quartiers, je parle de ce besoin illimité de proposer des options et des activités à n’en plus finir. Je trouve contradictoire de se prendre la tête sur le socle commun et la crise des référents communs au profit d’une prolifération infinie de signes contradictoires et hétéroclites allant de l’attraction théâtrale aux visites guidées dans les hauts lieux du patrimoine national en passant par les leçons de civisme sur la République et l’antiracisme.   (...)

 (...) Pourquoi rajouter durant le temps libéré par les rythmes scolaires d’autres activités ? Pourquoi toujours et toujours – du cinéma au théâtre, du rock à la danse brésilienne – proposer encore et toujours d’autres activités.

Ma réponse ? C’est le symptôme de l’angoisse des adultes. Ils veulent ces grands enfants occuper leurs enfants ; ils veulent les satisfaire. Et je ne parle pas de l’achat irraisonné de jeux vidéos et autres divertissements contemporains. Je parle de l’angoisse, de l’ennui. L’angoisse de ne pas savoir qu’en rentrant du travail, leurs enfants se sont éclatés (...)

 

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