Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27 janvier 2020

Une idée blanche

C'est la période des vœux. Un industriel bien connu de la région grenobloise m'envoie son rapport annuel et de performance durable, ainsi que son riche catalogue d'innovations. Incontournable chimie ! Elle permet maintenant de concrétiser facilement l'idée grecque publiée par nos soins en janvier 2014 durant la campagne électorale. 

J'adresse volontiers, à nouveau, la proposition aux futurs élus locaux : pour protéger vos administrés de la chaleur, autorisez le blanc, non seulement le vote blanc, mais aussi la peinture blanche, y compris sur les toits. Je ne sais pas où a été conçue cette résine extrêmement résistante qui peut blanchir nos habitations et nos bureaux, ni où elle sera fabriquée, ni même quels sont les dangers qu'elle véhicule pour l'environnement, mais je sais que le réchauffement climatique nous impose de nous adapter et de sortir de nos habitudes. Si la chimie peut y aider … pourquoi pas.

Francis Odier, 27 janvier 2020

Arkemasur peinture blanche.png

21:08 Publié dans Environnement | Lien permanent | Commentaires (0) |

Des voeux surprenants

Invité au nom de mon association, j’ai eu l’honneur d’assister aux vœux conjoints des plus hautes autorités départementales, le préfet et le président du conseil départemental. La cérémonie s’est tenue, comme il se doit, en préfecture, non loin de nos locaux de la Maison de la Nature et de l’Environnement. Le buffet était très correct, sans être luxueux. J’ai amorcé quelques conversations, préludes, j’espère, d’autres rencontres. Un ancien repris de justice s’était incrusté dans l’assistance, prétendant avoir oublié de répondre à l’invitation. Ayant purgé sa peine et souhaitant retrouver sa situation ancienne, il parut cependant très seul, mais nul ne s’apitoya sur son sort.

Mais là n’est pas l’essentiel. Je dois surtout rendre compte des discours solennellement prononcés à partir de textes écrits, et sans doute préparés avec l’aide des cabinets respectifs, car ils témoignent directement de la vision de la République promue par nos autorités. Abordant la soirée avec la candeur du novice et mes a priori sur ce que j’allais entendre, je dois dire que je fus surpris.

1024px-Préfecture_de_l'Isère_-_2011.jpg

Les deux discours étaient construits presque sur les mêmes registres, signe de la proximité intellectuelle et politique du représentant de l’Etat et de celui du Département, chacun conservant ses spécificités.

Le premier registre était celui de la République une et indivisible, avec les mots que l’on devait déjà entendre au 19ème siècle. Après les longues salutations protocolaires, chacun remercia ses services et se félicita de l’excellente coopération entre l’Etat et le Département. Les forces de l’ordre, nos gendarmes, nos policiers, la sécurité civile, les pompiers, les agents de l’équipement furent publiquement honorés et applaudis. Le préfet promit qu’il serait inflexible et d’une très grande vigilance pour sanctionner les chauffards et, ainsi, garantir la sécurité sur les routes.

Par la grâce de l’élection ou la vertu de la nomination, nos deux hôtes sont représentants du peuple. Alors, ils exprimèrent avec conviction l’idéologie dominante, socle commun des élites depuis plusieurs décennies, par-delà les alternances. En trois mots : croissance, attractivité, croissance. Ces propos idéologiques, courts et intenses, eurent la vertu de me rappeler mon identité de minoritaire. Je tiquai, car il n’est jamais agréable d’entendre quelque chose que l’on désapprouve, mais le discours avait sa légitimité. Le pouvoir porte ses valeurs sans les cacher.

Jusque-là, tout allait bien.

Pour le deuxième temps de son discours, annoncé comme la séquence bilan de l’année écoulée, le président du département égrena longuement les réalisations de sa collectivité. J’ai d’abord cru qu’il lisait un rapport d’activité. Nous étions dans le registre de la communication, peu éloigné, comme souvent, du plaidoyer pro-domo. Quant au préfet, il n’eut pas la tâche facile, mais il accomplit sa mission courageusement et avec abnégation : donner un coup de projecteur sur la politique inclusive de l’Etat et ses réussites méconnues en faveur de la justice sociale, ouvrir des chemins d’espérance pour la jeunesse qui peut maintenant s’engager citoyennement via le Service national universel.

J’étais venu pour les vœux, j’ai compris que la campagne électorale est permanente, même pour un haut fonctionnaire qui ne craint ni les changements de ministres, ni les renversements de majorité.

A mon gout, il aurait été convenable d’en rester là. Mais je ne suis pas préfet. Mais je ne suis pas président du département. Eux, sont combatifs. Ils ne craignent pas les dérives car ils les contrôlent. Ils connaissent la vérité, ils savent s’en accommoder. Voilà le troisième registre, peu glorieux, que mon rôle de sentinelle de l’environnement m’interdit de passer sous silence.

Je ne sais pas s’ils s’étaient donnés le mot pour afficher leur harmonie. En tout cas, ils étaient en phase l’un avec l’autre pour dénoncer avec une extrême vigueur le dénigrement du monde agricole. Dans les salons de la préfecture, on a le bon goût d’éviter le globish, ce fut donc haro contre le dénigrement. Ont-ils lu récemment Umberto Eco « Construire l’ennemi » ? L’ennemi, si utile pour souder la communauté et resserrer les rangs des fidèles, et peu importe s’il est virtuel.

Pour conclure et tempérer son allocution, le président du département évoqua les trois piliers du développement durable. Rien n’est perdu, poursuivons le dialogue, me dis-je. Le préfet prit de la hauteur républicaine et retrouva le sens de la cohésion nationale que l’on attend de lui. Il remercia non seulement tous les maires et élus sortants, mais aussi tous les candidats, sans en exclure aucun. Malgré ses faiblesses et des égarements ponctuels que l’on voudrait passagers, l’administration reste parmi les piliers les plus solides de notre démocratie. Le préfet nous souhaita à tous une réussite économique et sociale, oubliant l’environnement. Bel étourdi ou fidèle serviteur de l’Etat ?

Après des applaudissements républicains parfaitement calibrés par l’assemblée, nous pûmes boire paisiblement un verre de champagne à la santé des forces vives du pays, passeurs d’avenir durable.

Francis Odier, 20 janvier 2020

A lire : Les supplétifs du « greenbashing », Stéphane Foucart, Le Monde du 20 janvier 2020

11 janvier 2020

Nouvel air

10 ans ! 10 ans que j'écris sur un blog, d'abord edgarie, puis notre bon crollois où, avec les compères, nous donnons les nouvelles de la ville, avec les éclairages sur les aspects sombres ou cocasses de politique locale que l'on cherche en vain dans la communication officielle.

Avec les détours que la vie réserve, mon horizon se transforme peu à peu et je rejoins d'autres champs à cultiver. Mon écriture crolloise se fait distante, non par manque de crolleries à raconter, le changement de maire et de quelques adjoints n'ayant pas tari les turpitudes municipales, mais par renouvellement de l'inspiration. 

L'habitude, qui nous joue des tours, me fera sans doute écrire des lignes sans surprise sur le bilan du mandat 2014 - 2020 de la municipalité. On en connaît les mots clefs, les faits et méfaits marquants que je vous épargne aujourd'hui pour faire durer l'esprit de Noël. Enjambant le diagnostic pour lequel je connais le peu d'appétence du public, j'en viens aux conclusions et donc à l'essentiel. Voici Dostoïevski : "La beauté sauvera le monde". En attendant, Crolles s'est perdue dans la laideur.

La beauté, source du bien, chemin du bon, sommet de l'idéal. 

Dans la Chine classique, si lointaine que les concepts et le réel s'y fondent dans les brumes, les lettrés nous donnent la voie d'un programme électoral désirable : la poésie et la peinture tiennent la place suprême de l'accomplissement humain, l'esthétique et l'éthique vivent en symbiose.

Plus proche de nous, Romain Gary approuve : "Je ne crois pas qu'il y ait une éthique digne de l'homme qui soit autre chose qu'une esthétique assumée de la vie".

Pour 2020, souhaitons que la complicité avec la nature, prélude à la vie belle, soit présente chaque jour.

Francis Odier, 11 janvier 2020

Lire : Cinq méditations sur la beauté, par François Cheng.

2020fin des pesticides de synthèse en France.png