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29 juin 2016

ECOPLA vivra (peut-être)

C’est un dossier sur lequel tout le monde est d’accord : l’usine doit vivre et rester à Saint-Vincent de Mercuze. Un collectif de salariés se mobilise. Le Grésivaudan a voté une motion de soutien. L’Union Régionale des SCOP appuie le projet. Wauquiez écrit à Macron. Le patronat (Union Des Industries Métallurgiques, Electriques et Connexes) et la CGT font cause commune, le financement participatif (via la plateforme Ulule) s’annonce fructueux … et pourtant, rien n’est sûr, nous aurons peut-être un nouveau sinistre industriel.

logo Ecopla.jpgEn attendant, je vous invite à contribuer au financement du redémarrage de la production, le délai a été prolongé d’une semaine, jusqu’au 6 juillet : https://fr.ulule.com/ecopla-veut-devenir-une-scop/

A quoi va se jouer la pérennité – ou non – d’Ecopla ?

Vu de loin, c’est une question d’économie, le marché, la concurrence, la compétitivité, les résultats financiers etc. Quand on se renseigne, on apprend vite que le dépôt de bilan n’avait rien d’inéluctable, mais qu’il est probablement la conséquence d’errements industriels et / ou de choix financiers des actionnaires au détriment du site de Saint-Vincent de Mercuze. « Revendue plusieurs fois après sa sortie du groupe Pechiney en 1996, Ecopla est victime de ponctions de trésorerie de son actionnaire, au détriment de la satisfaction rapide des demandes des clients » écrit la CGT dans un communiqué.

Je n’ai pas vu les comptes, alors je vais rester prudent, sans avis direct sur la situation. Le fort consensus autour du projet de SCOP donne confiance dans la validité du projet. Je suppose que les services économiques du Grésivaudan et de la Région Auvergne Rhône-Alpes ont étudié le dossier. C’est d’ailleurs ce qui donne du sens aux motions de soutien.

Au fil de l’actualité, la survie d’Ecopla dépend d’une décision de justice (gestion d’une défaillance d’entreprise, choix du repreneur) : le procureur fera-t-il appel de la décision « honteuse » du tribunal de commerce en faveur du groupe Cuki qui propose de payer les dettes sociales et fiscales, de reprendre les machines … et de fermer le site ?

Le procureur dépend du gouvernement, la viabilité de la SCOP dépend du soutien des pouvoirs publics et des collectivités territoriales …. Oublions l’économie, l’affaire est surtout politique. On en revient vite à l’essentiel : quelles ressources sommes-nous prêts à consacrer aux activités productives ? à l’industrie ? à l’emploi ? au travail ?

La compétence économique est partagée entre la communauté de communes, la région, l’état. Un coup d’œil au budget du Grésivaudan (adopté à l’unanimité des suffrages exprimés, avec 5 abstentions, le 4 avril 2016) montre le montant significatif des aides versées à ST (principal employeur privé de la vallée) : 6,5 M€ en 2016, presque 1000 euros par emploi direct. A noter aussi : 650 k€ pour des entreprises labellisées par les pôles de compétitivité Minalogic et Tennerdis. Nous avons déjà parlé dans le Crollois.fr des actions de réhabilitation des friches. Ajoutons 800 k€ pour le secteur touristique (dont une partie pour compenser l’inévitable déclin lié à la baisse de l’enneigement … Sisyphe et les Shadocks en télésiège).

Voilà, nous avons fait le tour de la contribution économique « au service de l’emploi ». Ce n’est pas rien. C’est considérable. C’est bien sûr trop peu pour nourrir une politique de vitalisation industrielle.

Il faudra bien, un jour, mettre le frein sur les dépenses de loisirs et investir encore plus dans la localisation de la production, en acceptant de prendre des risques et de s’endetter. Les collectivités locales ont un fort pouvoir d’entraînement. Chaque euro investi par la puissance publique favorise l’investissement privé. Dans le cas de Grési21 (Centrales Villageoises du Grésivaudan, pour la production locale d’énergie), les personnes privées ont apporté environ 120 k€ et les collectivités 30 k€. Si les collectivités avaient boudé le projet, la mobilisation citoyenne n’aurait pas eu cette ampleur.

Pour Ecopla, les besoins financiers ne sont pas énormes à l’échelle du Grésivaudan. Il manque peut-être 2 M€ si on se place en pure comparaison avec le groupe Cuki, beaucoup moins si les processus de décision (SCOP # cession et fermeture) prenaient en compte les avantages et inconvénients sociétaux de chaque solution.

La proposition conclusive s’impose : créer un fonds d’investissement public, sous l’égide de la communauté de communes, ayant comme vocation de prendre (si possible, à froid, avant toute défaillance économique) des participations minoritaires dans des entreprises du territoire, avec comme principe d’action de susciter des effets d’entraînement sur les investisseurs privés.

Francis Odier, 29 juin 2016

 

Pour mémoire : relire l’idée n° 34 - Idée de politique économique : privatiser et collectiviser, 26 janvier 2014.

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21 juin 2016

Minuscules brèves

La sobriété est notre avenir (tôt ou tard, qu’on le veuille ou non). Autant commencer tout de suite. Voici quelques minuscules brèves éclairantes sur notre démocratie encalminée.

Je lis GL’Info, le Journal du Grésivaudan, juin 2016. Dans sa catégorie d’organe officiel d’une collectivité territoriale,  c’est un bon journal, plein d’infos. Il faut le lire attentivement.

Le changement est radical. Il est page 9. « Bientôt une maison de service au public » (MSAP). Elle remplace une Maison de Service Public (MSP). Et ce n’est pas un gag !

Plusieurs pages sont consacrées à TouGo, le « nouveau réseau de transport urbain du Grésivaudan ». Irrésistiblement, je pense au Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Le visuel, le visage, les noms et la numérotation des lignes … tout change. Il faut attendre le dernier petit paragraphe pour voir enfin écrit ce qui devrait être l’évidence guidant la réflexion : « L’organisation des transports à l’échelle de l’agglomération grenobloise élargie s’impose ». Alors, quelle réponse envisagée face à ce constat : « Grenoble-Alpes Métropole, le Pays Voironnais et le Grésivaudan ont l’ambition de créer une structure juridique adéquate pour mieux travailler ensemble sur la coordination des offres, la billettique, l’information des usagers ». Oui, vous avez bien lu. Ils ont l’ambition, mais pour l’action, on verra un autre jour. Là où il faudrait simplifier, ils veulent compliquer et créer une structure juridique. Et quand la structure sera créée, on pourra réfléchir sur comment mieux travailler ensemble …. A ce rythme, je comprends que les élus aient souvent envie de faire plusieurs mandats ...

Lacan, en plein discours professoral :

lacan.jpg

Le PAV, Point d'Apport Volontaire, était moribond, le voilà cantonné aux communes de montagne et aux zones d’habitat collectif (sous réserve …). Qui a dit que les gouvernants n’écoutent pas le peuple ? La mobilisation citoyenne a été fructueuse. La prochaine fois, peut-être que les élus s’intéresseront aux « éléments chiffrés » et à l’avis de la population avant de voter.

Voici le mode d’emploi des déchetteries (page 14). Il est parfaitement clair. Je me permets deux précisions. Il est écrit « les particuliers ont l’interdiction de brûler leurs végétaux à l’air libre ». Hélas, il faut compléter : les agriculteurs bénéficient du droit de cette combustion qui « dégage de nombreuses substances polluantes et néfastes pour l’environnement ». C’est le Préfet qui délivre ce droit à empoisonner l’atmosphère. Avec quelques camarades crollois, nous avions donné notre avis lors de l’enquête publique sur le Plan de Protection de l’Atmosphère  … mais le Préfet est passé outre. La participation à l’enquête sur le PPA avait été minuscule, limitée surtout à quelques associations et militants environnementalistes.  Les agriculteurs sont bien mieux organisés.

L’avertissement de bas de page mérite qu’on s’y arrête un instant : « L’amiante n’est acceptée dans AUCUNE déchetterie du territoire ». Et alors, on fait comment pour le fibrociment qui est encore si répandu sur les toitures de bâtiments construits dans les années 60 ? On cherche une déchetterie en dehors du Grésivaudan, et on peste contre cette faille dans l’esprit de service public de notre communauté de communes.

Pour conclure, une petite dernière, minuscule brève. C’est un mot, un seul mot qui en dit plus long que bien des discours. Ce n’est pas dans le journal, ce n’est pas une correspondance privée, ce n’est pas un mot volé. Ça se passe à Crolles. Et c’est le maire qui écrit aux associations. Ce qu’il dit est tout à fait banal, mais néanmoins important. Il donne le programme du forum des associations, le 3 septembre prochain. Un puriste dirait qu’il y a une petite incohérence dans le texte. La lettre est signée par le maire, mais à un moment, ce n’est plus lui qui parle. Ou bien, il fait comme Jules César, il dit « lui » à la place de « je ». Peut-être est-ce les romains qui nous ont légué la monarchie. En tout cas, nous avons du mal à nous en débarrasser. On le dit souvent, et encore plus maintenant que l’élection présidentielle se rapproche, beaucoup de nos concitoyens veulent avoir un chef, comme s’ils regrettaient le roi.

Sans plus attendre, voici le lapsus commis par un fonctionnaire territorial qui, à son insu, se fait le propagandiste de la tentation autocratique contre laquelle il nous faut chaque jour résister. Lisez bien. Pesez les mots. Souvenez-vous de Lacan, toute parole est signifiante. Etes-vous prêt ? Allez-vous sursauter comme je l’ai fait, lisant, relisant et soulignant cette preuve de la présence insidieuse et persistante de l’esprit seigneurial que j’abhorre ? Ce mot en trop n’est pas un intrus. Il est dans le texte comme chez lui, vautré dans le consensus dominant, désignant par trois lettres la mal démocratie qui nous mine.

« 12 h : tous les responsables d’associations sont conviés à la Marelle à l’apéritif d’ouverture en présence du Maire et de son conseil municipal ».

Diantre, diront certains ! Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat ! L’expression est usuelle : le maire et son conseil municipal. Alors, il nous reste à renverser les tables, à mettre les choses à l’endroit et la démocratie debout. S’il faut un possessif, nous devons l’inverser : le conseil municipal et son maire, voilà qui correspondrait mieux à ce que prévoient les textes. 

Le son est bref, mais il résonne longuement. Renversons le son, voici nos qui apparaît, comme une promesse de collectif. Nos élus nous invitent à notre forum des associations. Approprions nous la ville, la politique, nos biens communs.

Francis Odier, 18 juin 2016.

Le courrier aux associations : Invitation forum association 2016 - courrier du 3 juin 2016.jpg