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04 mai 2016

Engagement dans une période lumineuse

Le lancement réussi du projet Centrales Villageoises du Grésivaudan est une belle illustration de l’utopie politique du moment que l’on peut nommer, faute de mieux, la transition : « Ceux qui se reconnaissent dans le mot d’ordre de ‘transition !’ affirment s’inscrire dans un type d’engagement dont le pivot est le passage à l’action sur fond de réenchantement et de réappropriation de l’existence. Les ‘transitionneurs’ font le choix de faire bouger les organisations et institutions existantes sans prendre pied dans ces dernières » [Source : édito du dossier « La transition, une utopie concrète ? », Mouvement des idées et des luttes, 2013].

Certes, avec Grési21, nous ne sommes pas dans le cas de transitionneurs qui refusent de s’impliquer dans « le système ». J’en suis ravi car la recherche de pureté est l’apanage des nazis et des sectaires. Ici, c’est la mixité qui prévaut. Politiques et citoyens, inextricablement mêlés, montrent, à leur échelle, que l’avenir reste ouvert. Ils agissent en situation, comme le proposaient Miguel BENASAYAG et Angélique DEL REY dans un petit ouvrage qui m’avait enthousiasmé et ouvert de nouveaux horizons en 2012 (L’engagement dans une période obscure).

Depuis quelques années, les mouvements « alternatifs » pour la transition gagnent une nouvelle reconnaissance comme acteurs politiques à part entière, porteurs de projet et de changement

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Il faut se réjouir du discrédit des partis politiques et des gouvernants. Je ne rêve pas du grand soir, mais, avec Schumpeter, le prophète, et les libéraux, ses néo-disciples, reconnaissons-le : dans le processus de création et d’innovation, il est difficile de shunter la case destruction. Après l’incendie, parfois, foisonne la biodiversité.

Le Grésivaudan s’attaque aux friches industrielles et investit des millions d’euros pour « donner un second souffle aux terrains désaffectés » (Journal du Grésivaudan, mars 2016). Prenons en exemple, sans attendre la fin pathétique que connaissent les établissements hospitaliers de Saint-Hilaire du Touvet. Préparons-nous à raser ou à restructurer quelques-unes de nos institutions autrefois glorieuses et attractives, mais usées par le temps, obsolètes même si cela n’était pas programmé. Qui aura enfin le courage d’ouvrir un musée des départements pour y mettre en valeur la mémoire d’une couche de millefeuille fossilisée ? Combien de mandats municipaux devrons-nous encore supporter avant que l’on constate que la coquille est presque vide, les compétences transférées, même si la bête bouge encore ?

Pour le département, l’acharnement institutionnel à le maintenir est pitoyable. La vente de VFD illustre tristement le bilan de la décennie écoulée. Au début des années 2000, faisant le constat de leur incapacité à manager ce qui était une régie de transport, les responsables du département, plutôt qu’avouer leur impuissance, ont fait le choix de briser les reins de VFD par la mise en concurrence. Les effets ont été douloureux, progressifs, mais le résultat est là. Une société en friche, ruinée, comme en faillite. Il n’y a plus qu’à démanteler.

Pour la commune, je milite pour poursuivre les transferts de compétences à la communauté de communes, en particulier l’urbanisme. Deux scénarios peuvent ainsi être esquissés.

Dans le premier, la commune devient un relais de proximité de la République et des autres collectivités territoriales, sans rôle décisionnel. Nous sommes déjà, parfois, dans cette situation. Par exemple, quand la commune a cru bon de relayer la décision du Grésivaudan de généraliser les PAV. L’histoire (avec l’abandon du principe de généralisation) a montré que cette posture n’était pas judicieuse, car elle a conduit les élus à se faire porte-parole d’un projet indéfendable, alors qu’ils auraient dû se voir comme organisateur de débat. Ainsi, pour être démocratiquement fondée, la commune devrait s’organiser pour être relais « dans les deux sens », donc pour représenter vraiment sa population.

Deuxième scénario, la commune lutte pour garder des compétences … et les exercer efficacement. C’est la voie des mariages de raison – en application de la loi bienvenue du 16 mars 2015 favorisant le regroupement communal : onze villes et villages de l’Isère se sont regroupés (lire : Isère Magazine, mars / avril 2016). Bernin, Lumbin, nos fiancées nous attendent, passons à l’acte.

Bien sûr, il y a un troisième scénario, peut-être le plus probable : on ne change rien !

Mon scénario préféré est le quatrième : et mieux que ou, une commune relais démocratique de proximité et mariée avec ses voisines pour se régénérer !

"Nur um der Hoffnungslosen willen ist uns die Hoffnung gegeben."

Francis Odier, 24 avril 2016

 

Nb : merci à l’ami Alain qui m’a fait découvrir la belle citation germanique dont je ne me lasse pas. L’espoir au fond de la désespérance, comment mieux dire la confusion qui étreint nos sociétés et dans laquelle je me débats ?

Liens:

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Schumpeter...

http://www.centralesvillageoises.fr/web/guest/actualitesg...

http://www.edgarie.fr/archive/2012/01/22/l-engagement-dan...

https://www.flickr.com/photos/bertrand-ranza/collections/...

Commentaires

Certes une bonne gouvernance doit associer harmonieusement la stratégie du long terme à la vision instantanée de la bonne tactique.C'est surtout celle-ci qui fait la vie du moment, car on y ressent la justesse des décisions.Le bonheur n'est qu'un festin de miettes!!
Du concret maintenant, sur les profonds ténèbres qui envahissent Crolles !!!
Une zone industrielle développée à l'internationale, des relations avec un grand aéroport: Geneve des navettes régulières Grenoble-Geneve bien assorties depuis 3h 20 le matin à Crolles le Rafour......parfait........NON car à cette heure ci, Crolles est plongé dans l'obscurité la plus totale : alors dans la zone, c'est ambiance chicago année 30: voiture en veilleuses au ralenti, rondes de vigiles,petits groupes d'individus qui passent, futures passagers et passagères de la fameuse navette qui attendent frileusement dans leur vehicule le portable programmé sur le 17 dans la main.....
Une bien sinistre image de la gestion de la vie de la citée et de la considération que ressentent nos invités pour quelques lumens de plus !!!A celles et ceux qui ont pris ces décisions d'éteindre Crolles ( belle image...)
Francis tu parlais du risque de sectarisme...c'est leur faire trop d'honneur,je suis persuadé qu'il ne s'agit que d'incompétence structurelle.
Et ce n'est qu'un exemple, idem pour les déchets, etc.... restons zen
Daniel Colin

Écrit par : Daniel Colin | 18 mai 2016

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