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02 février 2020

Le long terme - alibi de l'inaction

A long terme, nous sommes tous morts, avait coutume de dire Keynes prônant la politique budgétaire comme levier de régulation économique. Aujourd’hui encore, le long terme est l’alibi de l’inaction. Le gouvernement se donne bonne conscience écologique en fixant des objectifs pour 2040 (fin de la vente des voitures à essence ou diésel), 2050 (neutralité carbone) ou les calendes grecques : « zéro artificialisation nette des sols », objectif énoncé mais non daté dans le plan biodiversité 2018. Les collectivités locales sont sur un discours similaire : « demain, il y aura la nature en ville » ; en 2030 ou 2040, il y aura un nouveau tram » ; « un jour, la qualité de l’air sera conforme aux recommandations OMS ».

Dans les stations de ski confrontées à la baisse de l'enneigement, les aménageurs rivalisent d'ambition pour développer le tourisme 4 saisons ... en 2050. Ce discours étant posé pour se donner bonne conscience et anesthésier les critiques, ingénieurs et promoteurs prennent la relève et activent les projets, ici de retenue collinaire pour augmenter la neige de culture, là de nouvelle remontée mécanique pour agrandir le domaine skiable. Telle est la situation que nous constatons à Huez, les 2 Alpes, Chamrousse, Les 7 Laux, les stations du Vercors. Seule la contrainte économique, lorsque la débâcle financière est là ou toute proche, parvient efficacement à réfréner les ardeurs bétonnantes des collectivités.

Il fut un temps où je pensai que le rôle des associations environnementalistes était surtout de travailler dans le temps long, d’anticiper les effets lents, diffus et accumulés qui ne sont visibles que dans la durée. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Pour le long terme, nous avons gagné la bataille des idées : tout le monde, sauf quelques excentriques voulant faire parler d’eux, sait désormais que l’on va dans le mur pour le climat, la biodiversité et nos conditions de vie si on ne change pas significativement le modèle agricole, les modes de production et de consommation, les véhicules et infrastructures de transport, les politiques d’urbanisation … Maintenant, c’est le sentiment d’urgence qui doit nous guider.

Agir, sans attendre la prochaine sécheresse, pour la préservation des ressources en eau – et pour cela protéger les captages et les zones humides, limiter l’irrigation, arrêter la neige de culture, renaturer … 

Dans les villes, réserver, très vite, des voies et même des rues pour les vélos, sans attendre des années de réflexion ...

Les exemples sont légion. 

Misons sur la simplicité, et le futur se conjuguera au présent.

Francis Odier, 2 février 2020

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