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03 août 2018

L'été du BTP

La température monte, les entrepreneurs du BTP gardent la tête froide. La végétation souffre, les ruisseaux s’assèchent, les habitants qui le peuvent se réfugient dans les pièces encore un peu fraîches. Sur les routes, les forçats précaires des travaux publics suent et fondent au soleil. Dans leurs bureaux climatisés, dirigeants et actionnaires du BTP exultent. L’argent coule à flot et l’avenir s’annonce plantureux.

Echangeur La Batie - photo Le Grésivaudan - juillet 2018 428_149_DSC06169.jpgIci on construit un demi-échangeur d’autoroute, là on refait une avenue qui était pourtant correctement roulante. En Isère, le Préfet vient de signer la Déclaration d’Utilité Publique pour l’élargissement de l’A480 et l’aménagement du carrefour du Rondeau. Voilà 360 millions d’euros qui seront dépensés, dont la plus grande part pour favoriser le trafic routier et accélérer le réchauffement climatique. Quelques semaines auparavant, à Grenoble, la Métro avait donné son feu vert au projet Neyrpic, un immense centre commercial à construire, de beaux chantiers en perspective. Pour éviter les jaloux, on agrandira aussi le centre commercial Grand Place. A Paris, hier, la ministre chargée des Transports confirme la mise en œuvre d’un plan d’investissement autoroutier à 700 M€ qui s’ajoute au plan de relance autoroutier de 2 milliards d’euros de 2015. Partout, les projets de zones d’aménagements et de bases logistiques fleurissent, comme aux plus belles heures de la périurbanisation. Et là où il n’y a ni route ni habitation, on fera une digue.

Digue Fragnès.jpg

La liste est longue, et je pourrais continuer à l’infini à égrener nos contradictions : le matin, tel ministre ou tel élu local signe une autorisation d’aménagement conduisant à l’artificialisation de terres agricoles ou naturelles, ou une décision d’investissement pour une infrastructure routière ; le soir il exhorte ses concitoyens à se mobiliser contre le réchauffement climatique.

C’est l’été du BTP. Il dure depuis des années. Alors, il reste le lancer des bouteilles à la mer, cris d’alerte pour qu’au moins nul ne puisse dire qu’il ne savait pas ou qu’il n’y avait pas d’alternative.

Francis Odier, 3 aout 2018

 

PS : il n'y a rien à reprocher aux professionnels du BTP qui répondent aux besoins de leurs clients. Le sujet est strictement politique. Plutôt que construire des routes, d'aménager des zones commerciales ou des digues inutiles, mieux vaudrait mobiliser les compétences du BTP pour aménager des itinéraires cyclables, réhabiliter les friches urbaines et l'habitat existant dans nos villes et nos bourgs. L'économie s'en porterait tout aussi bien et l'environnement bien mieux. A ceux qui pensent que je suis dans le Yaka, je réponds que je ne fais que reprendre, sans originalité aucune, les avis et préconisations écrites dans des centaines de rapports, dont beaucoup "officiels" à la demande de nos autorités ou de nos élus. 

Tout le monde est pour la transition écologique, même le ministre éponyme. Il faudra bien, un jour, que cela se traduise dans nos choix d'investissement. On pourrait commencer dans le Grésivaudan où le nombre de croyants est grand parmi les citoyens et les élus, ce qui est déjà un terrain favorable pour changer les pratiques.

Manival et engin - 2.jpg

Vallon du Manival, mars 2018, photo Jean-François Comte

15:57 Publié dans Urbanisme | Lien permanent | Commentaires (0) |

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