Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26 novembre 2017

Grande distribution - revenons aux faits

Autant il est riche en photos et disert sur bien des sujets agréables, autant le bilan du mi-mandat est taiseux sur le développement récent de la grande distribution à Crolles. Oubli fort regrettable et injuste car de nombreux élus ont œuvré, de diverses manières selon leur fonction, pour favoriser l’installation de nouvelles grandes surfaces.

Revenons aux faits et rappelons quelques dates clefs qui mériteraient d’être publiées en gros caractères dans le journal municipal :

  • Commission Départementale d’Aménagement Commercial (CDAC) du 14 janvier 2016 : vote Pour du représentant de la commune sur le projet Carrefour ;

    CDAC janvier 2016 - titre.png

    CDAC janvier 2016 - liste des votes Pour.png

  • CDAC du 23 février 2016 : vote Pour du représentant de la commune sur le projet Lidl ;

    CDAC février 2016 - liste des votes Pour.png

  • Commission Nationale d’Aménagement Commercial (CNAC) du 12 mai 2016 : le directeur des Services Techniques de Crolles intervient Pour le projet Carrefour (voir en annexe), lequel obtient un vote favorable unanime.

Une telle constance dans l’avis finit par payer. Voilà la grande distribution triomphante, ce qui est fort dommage pour le développement durable. Tout ceci résulte d’un travail collectif entamé dès 2007 par François Brottes et son équipe qui présentèrent en réunion publique des projets d’hypermarché, travail poursuivi durant le mandat 2008 – 2014 où fut préparé et voté le PLU, poursuivi encore en 2015 lors de la modification n° 1 du PLU qui autorisait les surfaces commerciales jusqu’à 3000 m2, poursuivi toujours en 2016 lorsque les avis favorables ont été donnés en commissions d’aménagement commercial.

En 2017, les chantiers sont lancés et menés tambour battant. C’est l’aboutissement d’efforts de longue date, de plusieurs municipalités, en faveur de la grande distribution.

Ce qui est fait est fait. Oublions le mi-mandat.

Autour de Crolles, le monde a changé. Les requins et les exilés fiscaux ne sont plus bienvenus. Maintenant, il s’agit de favoriser l’économie locale et les circuits courts.

Revenons aux faits. Il existe à Crolles et dans le Grésivaudan une offre abondante de commerçants indépendants, souvent petits, parfois moyens, qui donnent un nombre infini d’opportunités de favoriser une économie à taille humaine telle que nous en avons besoin pour faire société.

Je ne suis pas doué pour le commerce et je n’ai pas la naïveté de Montesquieu, inspirateur du libéralisme, qui écrivait : « c’est presque une règle générale, que partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces » et « L’effet naturel du commerce est de porter à la paix ».

Mais je crois beaucoup à l’adage « Dis-moi comment tu achètes, je te dirai qui tu es ».


A propos de la Commission Nationale d’Aménagement Commercial

12 mai 2016. La commission examine le projet Carrefour prévu à Crolles. La commune a mandaté son directeur des Services Techniques. Le projet reçoit un avis favorable à l’unanimité.

CNAC 12 mai 2016 - avis favorable.png

La lecture de l’avis de la Commission montre avec certitude que la commune a plaidé pour le dossier (en cohérence avec l’avis favorable donné en CDAC). Selon les « considérant » qui justifient l’avis rendu, la Commission, suivant très vraisemblablement les indications données par la commune et par le promoteur du projet, n’a pas hésité à inscrire le projet commercial « dans le cadre du développement d’un quartier durable de Crolles » comme si un nouvel hypermarché pouvait répondre aux principes et objectifs d’un quartier durable.

CNAC 12 mai 2016 - Considérant.png

Dans ses Considérant, la Commission a bien noté que la commune a prévu « une voie nouvelle … créée pour faciliter l’accès au site du projet ». Or, début 2016, lors de la présentation et de l’enquête publique pour la Modification n° 1 du PLU, la voie nouvelle en question est justifiée ainsi : « Elle permettra de mieux relier la zone d’activités aux quartiers situés au Nord ». Le citoyen crollois n’est pas censé connaître le but réel de cette voie nouvelle …

Extrait du rapport de présentation de la Modification n°1 du PLU – annexé à la délibération du conseil municipal du 4 mars 2016 :

PLU modif 1 - extrait sur voie nouvelle prolongement rue des Sources.png

Les faits sont là, les effets seront longs, il faudra bien des efforts pour aménager la ville autrement.

Francis Odier, 25 novembre 2017

Commentaires

Reconnaissant que le bout du clocher est spirituellement rassurant, néanmoins il ne suffit pas à élargir la vision au paysage.
Il serait nécessaire de rappeler les orientations proposées par le SCOT qui propose que Crolles devienne le centre commercial du Grésivaudan, parsemé d'autres centres secondaires. Ces orientations furent approuvées par chaque municipalité quelques soient leurs obédiences politiques majoritaires.
Et combien furent nombreuses les tentatives de nos législateurs pour protéger le petit commerce qui aboutirent toutes à de nombreuses implantations de grandes surfaces. Gagné !
D'abord la « loi d'orientation du commerce et de l'artisanat », « Loi Royer », votée en 1973, 44 ans déjà ! Puis Raffarin s'y est mis en 1996 en abaissant le seuil des autorisations à 300m2. Puis la loi LME du 5 août 2008 sous la présidence de Sarkosy : «  stimuler la croissance et les énergies (l'emploi), en levant les blocages structurels et réglementaires que connaît l’économie de la France » … et toujours le petit commerce exsangue, mourant, mort. Echec législatif, mordicus.
Les temps changent. Les modifications législatives n'ont pas pu accompagner la protection de la santé, de l'environnement, de l'économie locale. Les grandes surfaces s'appuient sur la rationalisation, les prix et la puissance des sociétés ... Le petit commerce s'appuie sur la qualité de la relation humaine avec le client, sur le service de proximité... dans une société d'éloignement social et géographique, d'automatisation.
Reste la capacité des consommateurs à s'approvisionner autrement qu'en grande surface. Mais le consommateur est-il un citoyen éclairé et responsable ? Sommes nous libres ou serviles, ou en voie de crétinisation globale ?
Ne pas rejeter la faute sur d'autres. A vous de choisir...

Écrit par : MITTELBERGER | 27 novembre 2017

Bonjour,
Je suis scandalisé par cette implantation nouvelle qui va contribuer à augmenter le désert des petites surfaces de commerce de proximité et de ce fait réduire les services privés de proximité, ce qui sera préjudiciable aux personnes très âgées.
Je pense que l'on ne se souci pas beaucoup de celles-ci, si ce n'est en se donnant bonne conscience en créant par-ci par-là des structures foyers d'accueil qui déracinent les personnes âgées alors qu'elles voudraient rester chez elles.
Rejoindre un site d'accueil c'est enclencher la déstabilisation car c'est la précarité annoncée qui fera que lorsque le déclin arrive il faudra une nouvelle structure d'accueil d'où un nouveau déplacement synonyme de mort.
Avec ces structures combien d'emplois sont créés? Combien sont supprimés directement ou indirectement par ces structures? Combien de petits commerce animant les centres de nos quartiers, villages sont condamnés à fermer, provoquant le départ des habitants ayant des difficultés de se déplacer?
Je m'excuse pour ce texte qui n'est sûrement pas académique, mais je pense depuis longtemps que les élus de tout bord ont oublié les composantes de la vie et la loi originaire de la construction de ces grandes surfaces qu'il faudrait abolir (Loi Royer de 1972, je crois), alors que dans d'autres pays comme l'Allemagne cette prolifération n'existe pas. Pourquoi chez nous cela existe?
Bien cordialement

Écrit par : André Vidal | 27 novembre 2017

Je partage votre colère, Monsieur Vidal, et ne comprends pas comment des élus peuvent mentir avec autant d'aplomb à leurs administrés.

Prononcé avec des trémolos dans la voix, le message est le même depuis 15 ans : "on ne peut rien faire, et le SCOT a tout décidé" alors qu'il est parfaitement et nécessairement connu qu'une telle affirmation est erronée -ou alors, il faut s'interroger sur la capacité de ceux qui la tiennent à occuper leurs fonctions.

C'est à la fois :
* oublier un peu vite que le SCOT a été rédigé avec -et même "entre" élus- d'une part,
* obérer le fait que le règlement du PLU de Crolles a été rédigé précisément pour permettre l'accueil de ce type de commerce alors que des règles vertueuses permettaient d'en limiter la croissance (parkings silos, toitures plantées, règles d'accès, ...),
* taire le soutien systématique des représentants de la commune à ce type de projet dans les commissions ad'hoc.

Écrit par : emmanuel wormser | 02 décembre 2017

Les commentaires sont fermés.