Le Crollois

Son fils, Pierre de Cornu, né à Grenoble vers 1563, suit comme son père la carrière du barreau. Ce nouveau seigneur de la maison forte du Brocey achète la charge de conseiller au parlement de Grenoble et réunit les arrêts rendus par cette cour. Puis, il écrit une histoire d'Henri IV en latin. Malheureusement, ce texte est aujourd'hui tombé dans l'oubli.

Par contre, dans sa "tendre jeunesse", cet ami de Ronsard se piquait d'être un poète très... libertin . Ses textes ont été publiés en 1583 sous le titre "Oeuvres Poétiques", aux Éditions Huguetan, à Lyon. Ils se présentent sous la forme d'un recueil de sonnets, chansons, odes, discours, stances et autres poésies. Les deux  premiers livres qui s'intitulent Amours contiennent 154 sonnets qui ne "manquent pas de verve", nous dit son éditeur. La plus grande partie de ces poèmes sont dédiées à son amie intime, mademoiselle Laurini, d'Avignon. "Dans ces gaillardes", raconte encore son éditeur, "ce jeune poète apostrophe fort cavalièrement sa belle et lui débite parfois d'incroyables scènes qui vont jusqu'à l'érotisme le  plus chatoyant". Jugez-en plutôt dans ces 2 poèmes en vieux français.

Mais, en l'an 1587, Pierre Cornu épouse une jeune veuve nommée Méraude de Baro. Il écrit alors des prières chrétiennes, au ton bien...différent.

Il va sans dire que les beaux esprits de Grenoble plai­santèrent beaucoup sur ce mariage. Cette union leur a inspiré de joyeuses épigrammes, ces petites pièces satiriques et piquantes de l'époque.

On sait peu de chose sur sa vie ensuite, il semble que notre poète soit décédé vers 1615. Mais sa demeure a traversée le temps. Au cours du XIXe siècle, le château du Bois Cornu et son domaine deviennent la propriété d'un certain M. Milanta. Né en 1888, il est adjoint au maire de Crolles. Mais malheu­reusement, vers 1927, un incendie détruit cette ancienne maison forte. Seule une tour, au sud, échappe au désastre. Mais, tout est rasé de nos jours. Des pavillons sans âme ont été construit à sa place ! Il ne subsiste que la rue, l'impasse et le souvenir de ce poète Crollois au ton élégant et…parfois un peu osé.
Claude Muller