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03 janvier 2012

La gare de Crolles

La gare de crolles.jpgA partir de la fin du 19ème siècle, un tramway relie Chapareillan à Grenoble en passant par Crolles. C'est alors un moyen de communication moderne, pratique et rapide. Il facilite aussi grandement l'acheminement des produits agricoles de la vallée.
C'est une aubaine pour les très nombreux viticulteurs des coteaux du Grésivaudan. Ce moyen de transport leur permet d'aller vendre leur vin dans les auberges de Grenoble. Les paysans Crollois vivent alors en autarcie. Ils se nourrissent de leurs cultures. Ils pratiquent aussi couramment l'échange et le troc. Alors, la vente de leur vin représente souvent un apport d'argent nécessaire pour pouvoir acheter, aux artisans de la vallée, les outils indispensable à leurs exploitations.
Le tramway permet aussi aux gantières d'échanger leurs productions avec les boutiques de Grenoble. La centaine d'habiles couturières de Crolles part à la ville pour chercher les peaux et les commandes de gants puis reviennent travailler à domicile. Lorsque les travaux des champs sont terminés, elles coupent et cousent à façon. Ce long et minutieux travail finit, les gants peuvent repartir en tram vers la capitale de la ganterie. Cette activité saisonnière apporte un complément d'argent indispensable à bon nombre de familles Crolloises.
En 1945, 1 206 703 voyageurs empruntent le tramway de la rive droite du Grésivaudan. La gare de Crolles est alors l'un des points d'accès privilégiés à ce mode de transport et de communication. Mais à la fin de la guerre, les cars deviennent de plus en plus performants. Leur concurrence est fatale au tram. La ligne Grenoble-Chapareillan doit fermer en mars 1948.
Plus tard, le dépôt de la gare de Crolles sera réaménagé. Il servira de salle des fêtes à la commune pendant de longues années. Il a même été la première Maison des Jeunes et de la Culture de Crolles. Puis à la fin du siècle, il sera transformé en boulodrome couvert.
Quant à la gare du tram de Crolles, elle sera transformée en 1994 en bureau de poste. Puis, ses locaux étant devenus trop exiguë pour elle, la poste va déménager fin octobre 2008 dans un espace plus fonctionnel et laisser cet important bâtiment de notre patrimoine seul, vide et...triste.

Mais que va-t-il devenir ? L’idéal serait qu'il retrouve sa fonction initiale de gare. Je suis sûr que les nombreux usagers des transports en commun de la vallée auraient aimé disposer d'un tel point d'accueil depuis 4 ans qu'il ne sert plus. En tout cas, même maintenant ce ne serait pas un luxe. Mais la municipalité actuelle rêve depuis longtemps de construire une brasserie. Alors, elle a décidé de transformer ce bâtiment pour qu'il puisse accueillir ce projet cher à son cœur. Mais, est-ce bien raisonnable ? Aménager une auberge, est-ce  le rôle d'une commune ? Cela pourrait se concevoir en zone rurale, mais à Crolles, ce ne sont pas les restaurants et les débits de boissons qui manquent ? Et que vient faire l'argent public dans un tel projet ?  Et pas avec n'importe quelle somme. Les devis d'aménagement de cette brasserie se montent à 404.222,05 Euros HT, sans compter les dépassements qui ne manqueront pas, comme très souvent à Crolles !  C'est un palace qu'ils construisent ? Mais le conseil municipal a voté ces 11 marchés sans sourciller, comme un seul homme, le 16 décembre 2011. Nos élus n'en démordent pas. Ils s'entêtent et veulent à tout prix nous imposer leur projet...au point d'oublier le glorieux passé de la gare de Crolles.


Claude Muller

22 novembre 2011

Les sanatoriums abandonnés

Petites Roches.jpgUn après-midi de cet automne 2011, je suis monté à St Hilaire du Touvet, du coté des sanatoriums. J'y ai trouvé un spectacle inimaginable. Les bâtiments des Petites Roches et du CMUD (Centre Medico Universitaire Daniel Douady) sont ouverts aux quatre vents et laissés à la folie des pilleurs. C'est impensable.
Je n'ai pas pu m'empêcher de retourner dans la chambre qui m'avait accueilli et guéri...j'en suis sorti dans un total effondrement, moral et physique. Je pensais à tous les malades de la tuberculose qui ont séjourné là-haut, aux Résistants qui ont trouvé refuge, malgré tout, entre ces murs...je repensais à La petite Chartreuse de Pierre Péju qui hante toujours ces lieux...
Comme il n'y a plus rien à prendre...les pilleurs ôtent consciencieusement les tuiles des toits, une par une...Conséquence, dès qu'il va pleuvoir, ces bâtiments vont pourrir sur pied.
Comment en est-on arrivé là ? C'est affligeant, désolant, scandaleux, triste, ulcérant, révoltant...je n'ai plus de mot pour exprimer mon désarroi devant un tel gâchis...

J'ai la Honte.jpgClaude Muller

26 octobre 2011

Au revoir UGIMAG

Ugimag demolition1.jpg

En rentrant de vacances, vous avez tous remarqué les travaux de démolition des anciens bâtiments situés à droite de l'Avenue Ambroise Croizat en remontant, face au supermarché Lidl. Et vous êtes-vous demandé quels étaient ces locaux que les bulls démolissaient consciencieusement ?
C'était l'ancienne usine UGIMAG, cela ne vous dit toujours rien ? Alors je vais essayer d'éclairer votre lanterne magique.

Bonjour la zone industrielle

Paul JargotDans les années 1960, Crolles est exsangue. Malgré cela, Paul Jargot, maire de Crolles de 1953 à 1986, propose aux Crollois rassemblés en États Généraux, d'endetter la commune (cf J’ai mal à ma dette) et d'investir dans une zone industrielle flambant neuve. "Elle sera traversée par une grande avenue". Il a convaincu la population avec cet argument imparable : "c'est pour que vos enfants trouvent du travail".
Au début, c'est dur. Seules quelques entreprises acceptent de jouer le jeu. UGIMAG est l'une des premières à oser s'implanter à Crolles. Cette filiale de Pechiney construit un centre de recherche et de production d'aimants. Avec le développement des nouveaux moteurs électriques, le marché est porteur et les aimants de Crolles acquièrent vite une grande renommée.

Au revoir les aimants, bonjour ST

Mais comme vous le savez, la microélectronique arrive. (ST aussi, mais c'est une autre histoire). Elle supplante rapidement les moteurs électriques et, dans les années 2000, Crolles doit mettre au rencart ses aimants. Et les locaux ? Ils restent vides... Jean-Claude Paturel, le nouveau maire de Crolles, espère que la commune pourra les racheter pour les transformer en gare d'arrivée du Train Tram. Ce projet dont il rêvait, pour résoudre les problèmes de circulation dans la vallée...

Ugimag chantier11.jpgBonjour Gifi

Vous connaissez la triste suite ... et puis une nouvelle équipe s'installe à la mairie et de nouveaux choix s’opèrent. Résultat, les bâtiments d'UGIMAG, toujours vides, changent de propriétaire 100 fois pour atterrir entre les mains de promoteurs inconnus. Ils décident finalement de les démolir en catimini cet été. Aujourd'hui, ils ont de grands projets pour ce terrain vite aplani. C'est là qu'ils veulent implanter un tout nouveau, tout beau, tout neuf centre commercial. Il abritera Besson chaussures et Gifi, bravo dit le dindon...

Mais, il y a un hic...

Vous vous doutez bien que ne vous ai pas raconté cette histoire uniquement pour vous endormir, mais pour attirer votre attention sur un petit souci...qui peut devenir gros.
Vous savez tous comment on fabrique des aimants 
? Je vous résume quand même pour ceux qui avaient un billet d'absence le jour de ce cours de sciences. On utilise et donc on stocke des métaux réduits en poudre très très fine du genre fer, cobalt, nickel et même des terres rares portant des noms bizarres. Et normalement, c'est là que vous vous demandez : lors de la démolition de cette usine, que sont devenus tous ces matériaux très volatiles ? Ils avaient dû polluer ce terrain ? Vous vous dites immédiatement : ces promoteurs sont des gens sérieux, ils ont dû effectuer des analyses et dépolluer le sol. Eh bien non, que nenni, rien, zob, que dalle, pas l'ombre d'un début d'une précaution n'a été prise cet été pour dépolluer ce site industriel.

Ugimag demolition22.jpgJeu de main, jeu de v...

Et comme toujours dans ces cas-là, les décideurs se renvoient la balle consciencieusement et finissent par botter en touche. C'est à la Commune de le faire... c'est à l'ancien propriétaire... c'est au nouvel acquéreur... les pollueurs sont les payeurs... et comme toujours qui trinque ? En tout cas, moi je n'irai acheter ni mes chaussures, ni mon linge de maison dans un magasin implanté sur un terrain super pollué. Et vous ?

Ugimag chantier2.jpgClaude Muller