Le Crollois

Ce n’est pas un problème de compétences. François Brottes ne sera pas plus incompétent que les très diplômés qui dirigent EDF et AREVA, supervisent, avec les succès que l’on connaît, la construction de l’EPR de Flamanville, militent sans relâche pour l’industrie nucléaire et freinent des quatre fers la transition énergétique.

Qui connaît notre ancien maire sait bien qu’il sera très compétent pour manœuvrer dans et avec le pouvoir, faire taire les gêneurs, récompenser les fidèles, donner l’illusion d’une habilité visionnaire …

Saviez-vous qu'il a l'intelligence électrique ?

Tout le monde en convient : cette nomination est politique. Si le poste avait été ouvert, avec un appel public à candidatures, aucun jury de recrutement n’aurait choisi un député dont les principaux faits d’armes sont la réélection répétée et la fidélité indéfectible à son parti.

C’est son bâton de maréchal, la reconnaissance du parti et de son chef à un soldat loyal, combattif, sans faille. Mieux que le maroquin longtemps espéré, voici la sinécure royalement rémunérée.

Alors, pourquoi s’insurger ? La République lui propose un poste, pourquoi devrait-il refuser cet honneur, cette lourde charge, ce nouveau défi ? Sarkozy et Pérol, Hollande et Brottes … les noms changent, les turpitudes demeurent.

A vrai dire, je ne reproche rien à notre futur ex-député. Il n’est que le symptôme du renoncement collectif à la démocratie. C’est la triste fin de trop longs mandats. Copinage, conflit d’intérêt, corruption … dormez en paix, braves gens, les élites veillent sur vous.

Dans cette affaire, ma responsabilité n’est pas nulle : par trois fois, en 1997, 2002 et 2007, j’ai voté pour François Brottes aux élections législatives. C’est ainsi, les crollois ne sont pas étrangers à ce naufrage.

Quand décidera-t-on enfin de limiter le nombre et la durée des mandats ?

Francis Odier, 30 juillet 2015

 

PS : pour une revue de presse, chercher sur le web avec les mots clés « Brottes RTE ».

François Pérol, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, est poursuivi pour prise illégale d’intérêt suite à sa nomination comme président du groupe BPCE dont il avait piloté la création depuis l’Elysée. La légalité de la nomination de Brottes est mieux établie (même si certains opposants envisagent un recours), mais sur le fond les deux situations sont très similaires : le fait du prince, la mobilisation sans vergogne de l’autorité issue du suffrage électoral pour s’octroyer un emploi de statut privé, mais dépendant totalement de la puissance publique, avec un niveau de rémunération indécent.