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22 mai 2015

Crolles sous les projecteurs du juge financier... Chap. 1: la transparence

 

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Le  "RAPPORT D’OBSERVATIONS DÉFINITIVES ET SES RÉPONSES, Commune de Crolles (38), Exercices 2008 à 2012"  a manifestement ébranlé la municipalité : comme à un tubard qui s'est débarrassé de ses B.K. et à qui l'on fait une IDR -les plus anciens comprendront et j'invite les plus jeunes à lire Alphonse Boudard pour apprécier la métaphore-,  nos zélés zélus ont développé une réaction inflammatoire aigüe qu'ils ont cru pouvoir circonscrire en allumant un contre-feu respectant parfaitement tous les canons de la communication de crise.

Les améliorations récentes avancées par la commune dans son discours  répondent-elles aux critiques de la Chambre régionale ? Une démarche sincère de progrès peut-elle être envisagée tant que la commune ne reconnaît pas explicitement les erreurs passées et les problèmes de fond soulevés ? Finalement, peut-on avoir pleinement confiance dans les améliorations apportées ici ou là par des zélus apparemment convaincus que le rapport exprime un satisfecit global ?

Le thème du premier chapitre de notre chronique s'impose alors de lui-même : que pense la chambre régionale des comptes de l'information financière locale ?


feux tactique.pngSi l'on s'en tient à la réaction communale décrite dans mes propos introductifs, ce point est bien sûr particulièrement sensible : alors que l'afflux soudain d'information sur le budget de la commune ne laisse pas de surprendre, la commune ne dit rien de ce que le rapport a relevé...en la matière.
 
il est vrai que ses auteurs ne sont pas tendres et, parfois, il vaut mieux avaler sa honte et ne pas pérorer !
 
Il faut ici rappeler que Crolles a déjà subi plus qu'un revers en la matière: une véritable gifle en fait !
 

Et bien ça recommence : après le juge administratif, c'est le juge financier qui indique que... la commune pêche par manque de transparence.

Les auteurs du rapport indiquent ainsi (page 13) que

"L’examen de la qualité de l’information financière a pour but de s’assurer que les élus disposent de toutes les informations nécessaires avant de procéder au vote des budgets et pour contrôler la gestion financière de la commune. Il permet aussi de s’assurer que les habitants de la commune ont accès aux informations financières dans des conditions satisfaisantes."

Puis, rappelant que le débat d'orientation budgétaire "participe du droit à l’information de l’assemblée délibérante et constitue, ainsi que le reconnaît une jurisprudence constante, une « formalité substantielle »", ils relèvent que

Si de tels débats sont bien organisés chaque année avant l’adoption du budget et font l’objet de réels échanges entre les élus, comme en témoignent les procès-verbaux des réunions, ils ne donnent pas lieu à la présentation d’engagements pluriannuels ni à l’examen d’objectifs stratégiques à long terme susceptibles d’encadrer la préparation par l’ordonnateur des décisions budgétaires portées devant le conseil municipal.
Ces informations, de même que les études sollicitées auprès d’un cabinet de conseil, sont données aux membres de la commission des finances dont les élus de l’opposition font partie. Ils sont accessibles, sur demande, aux conseillers municipaux.
Toutefois, les diaporamas (comprenant des éléments de prospective, axes politiques et principaux projets d’investissements pluriannuels) présentés ne sont pas annexés aux procès-verbaux des conseils municipaux au cours desquels ils ont été débattus.

En clair, dans l'assemblée délibérante -autrement dit le conseil municipal-,
  • il y a ceux qui savent parce qu'ils sont membres de la commission des finances et qu'ils se rendent à ses réunions,
  • il y a ceux qui peuvent savoir s'ils font l'effort de demander des documents qui ne leur seront pas présentés en conseil alors qu'ils sont le fondement même de la construction du budget,
  • et il y a les autres, qui sont invités à voter comme des moutons...

Une telle situation ne permet pas que le vote du budget soit sérieusement préparé ni, surtout, que le débat d'orientation budgétaire soit digne de ce nom : la lecture des procès-verbaux des conseils municipaux (voici ceux de 2012 et 2013) au cours desquels a eu lieu ce simulacre de débat ne laisse d'ailleurs aucun doute sur le sujet, 2014 remportant sans doute la palme de la platitude.

En cette année 2015, alors que le maire avait connaissance des critiques de la chambre régionale des comptes, ça ne va pas mieux : on échange sur l'air du temps, sur la baisse des dotations de l'Etat, sur quelques projets... mais on ne parle ni orientation politique des ressources fiscales et des dépenses ni chiffres... et surtout, on le voit bien, les élus essayent seulement de comprendre ce qui est asséné, juste pour savoir mais pas pour débattre. Le sommet est sans doute atteint avec la réplique qui tue : "le budget dont le vote sera à l’ordre du jour le mois prochain fera état des différentes dépenses" : voilà une bonne nouvelle, mais lesquelles et à quelle fin, suspense !

En clair aussi, le public est privé des données qui, absentes des procès-verbaux, lui permettraient de comprendre le sens des orientations débattues. Il semble ici utile de rappeler que l'information budgétaire est, par essence, au coeur de l'activité que doivent pouvoir contrôler à tout moment les administrés, le maire ayant même la charge d'en organiser la mise à disposition de tous (je n'ai pas souvenir de telles pratiques à Crolles). Vous remarquerez d'ailleurs que, livré sans annexe sur le site web communal, le procès-verbal de 2015 ne déroge pas à la règle locale.

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Avec l'élan pris en matière d'information financière tel qu'affiché par la commune depuis quelques semaines, on aura droit en 2016 à une véritable amélioration du processus budgétaire ?

Faisons en le pari...

A défaut, le contre-feu n'aura été... qu'un feu de paille.

Emmanuel Wormser

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