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11 septembre 2013

Le moulin des Ayes, l'histoire perdue

Le fonctionnement d'origine du moulin des Ayes
Le moulin des Ayes était l'un des bâtiments de l'Abbaye des Ayes, ce monastère construit au 12
ème siècle par la Dauphine Marguerite de Bourgogne. Les archives parlent d'une église, de trois chapelles, d'un monastère, d'un dortoir pour les religieuses, d'un réfectoire et de dépendances.

Le moulin des Ayes.jpg


alimentation.jpgLe moulin faisait partie de cet ensemble. C'était un moulin hydraulique. Pour le faire tourner, une prise d'eau avait été aménagée dans le ruisseau de Bernin. Sa roue était aussi alimentée par le ruisseau du Béal. Il traversait l'Abbaye avant de venir se déverser dans un petit étang servant de réservoir. Le meunier devait ouvrir une écluse pour faire tourner la roue à aube du moulin. Actionnée par cette énergie, une meule de pierre tournant à l'horizontal.

 

huile de noix.jpg

Elle écrasait les grains de blé entre ses cannelures. Puis la bluterie, constituée par de gros cylindres de trois mètres de long, était chargée de séparer la farine du son. Les paysans nourrissaient les animaux de la basse cour avec, tandis que la farine servait à faire le pain, cette nourriture à la base de toute l'alimentation de cette époque. Une huilerie avait aussi été construite dans les bâtiments du moulin des Ayes. Comme la vallée du Grésivaudan a de tout temps été plantée de très nombreux noyers, les paysans produisaient beaucoup d'huile de noix au moulin des Ayes. Dans un premier temps une roue en pierre, mue elle aussi par l'énergie hydraulique, concassait les noix. Puis cette "purée" étaient recueillies dans des toiles, chauffées et pressées afin d'en extraire le précieux nectar. Cette huile de "ménage" était utilisée dans de très nombreux plats de l'époque et servait à la conservation des aliments.


Les grandes heures du moulin de Crolles

Pendant la guerre de 1939 à 1945 et même après, la nourriture était rationnée, c'était la pénurie. Alors la moindre parcelle de terre était cultivée. Les paysans de la vallée semaient beaucoup de blé pour produire leur farine et ensuite cuire leurs pains dans le four du village ou du quartier. Le pain était un aliment indispensable pour nourrir la population de la vallée.

Moulin.jpg

Chacun ramassait aussi toutes ses noix et venait ensuite les faire broyer au moulin. L'huile de noix était utilisée comme huile de "ménage". Elle était très prisée. A cette époque, l'huile et le pain constituaient des aliments à la base de toute la nourriture de la population. Andrée Gabert se souvient que pendant la guerre, le moulin des Ayes "tournait jour et nuit."

moulin decembre 2005.jpg

Depuis Meylan, Grenoble, le plateau des Petites Roches, depuis Chapareillan et même depuis la Combe de Savoie et Chambéry, les paysans se transmettaient l'adresse du moulin. Ils arrivaient avec leurs gerbes de blé et leurs sacs de noix pour fabriquer leur farine et produire leur précieuse huile. Ils récupéraient aussi la moindre poussière de son, l'enveloppe du grain de blé, pour nourrir leurs animaux. Pendant la guerre, le moulin des Ayes, c'était aussi une entreprise familiale. C'est Just, le père Gabert qui faisait tourner la roue de l'huilerie pendant la saison des noix. Andrée Gabert et sa mère faisaient la farine. Georges, le fils de la famille Gabert, conduisait un des seuls camions de la vallée. Il était chargé de livrer les sacs de farine aux boulangeries de la vallée et du plateau. Comme Crolles n'était pas un endroit stratégique, ni voie de chemin de fer, ni usine, les Allemand ne sont jamais venu au moulin de Crolles, durant toute la guerre.

 

Vie et mort du moulin des Ayes

En 1895, Joseph et Lucie Gabert, originaire de Bernin, décident d'acheter le moulin des Ayes avec son huilerie. Ils l'exploitent toute leur vie en famille. Just, leur fils qui avait travaillé toute sa jeunesse dans ce moulin le reprend à la mort de ses parents en 1918. C'est un entrepreneur. Il décide d'améliorer son fonctionnement. Il construit un atelier pour le battage du blé et le motorise. Ainsi les paysans peuvent venir avec leurs chars emplis de gerbes de blé et le battre sur place.

Batage du blé.jpg

En 1937, Just achète du matériel Suisse pour moderniser son moulin. La meule est remplacée par un grand cylindre métallique et la bluterie par un planchistère. Avec ce nouveau matériel le meunier peut faire de la farine mais aussi de la semoule et des germes de blé. Les affaires du meunier marche très bien pendant la guerre. A sa mort en 1954, c'est son fils Georges Gabert qui hérite du moulin. Il possède un des seuls camion de la vallée. Avec, il livre la farine aux boulangeries du Grésivaudan. Il a deux défauts, il aime conduire et il aime le foot.

Joueurs du FCCB rassemblés autour du camion.jpg


Le dimanche, c'est lui qui «transporte» les footeux du FCCB lorsqu’ils jouent à l'extérieur. Il emploie des gens du pays pour faire tourner son moulin. Mais, petit à petit ses affaires périclitent et il doit vendre le moulin des Ayes à la commune en 1999, un an avant sa mort.

Le bâtiment est alors complètement abandonné. Le toit fuit. Le matériel rouille sur place. Le bois pourri. L'étang se fige. Tout se dégrade petit à petit.


En 2004, la commune décide enfin de s'occuper de son moulin. Elle fait démolir le hangar de la batteuse et fait réparer le toit du moulin puis …obture le bâtiment avec son plancher effondré et ses machines rouillées.
demolition maison du meunier.jpg

La maison du meunier est démolie pour construire 5 logements. Et depuis…pas grand chose. La commune effectue tous les ans quelques travaux. A ce rythme, quand le moulin sera réhabilité d'un coté, il faudra recommencer de l'autre... Ce qui est une certitude aujourd’hui, c'est que le moulin des Ayes ne sera plus jamais ouvert au public.

Je galéje, cette année il va être ouvert pendant... 1h 30, le matin de la journée du patrimoine....

Claude Muller

Commentaires

Bonjour Claude,

nous fetons cette année le 70eme Anniversaire du FC Crolles Bernin fin Juin.
Je collecte les photos significatives de l'historique du FCCB que nous traçons dans une brochure, un peu comme nous l'avions fait pour le 50eme.

Peux-tu m'envoyer cette photo du Camion de Gabert avec les Anciens du FCCB, par scan et email SVP, je la trouve sympa pour notre brochure.

T'en remerciant pas avance.

Cordialement

Gérard DEREYMEZ

Écrit par : DEREYMEZ | 08 mai 2015

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