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31 août 2013

Nano 2017 - Un programme public - privé - enjolivé

Avec le programme Nano 2017, officialisé le 22 juillet dernier à Crolles, l’Etat soutient vigoureusement l’industrie microélectronique. Il faut s’en réjouir pour la vitalité grenobloise. Hélas, les données précises concernant ce programme restent confidentielles ou fragmentaires, en particulier pour ce qui concerne la destination et l’affectation des fonds.

Dans le silence des subventions, nos politiques nous inondent de discours aussi lénifiants qu’imprécis, chacun tirant la couverture à lui … et notre cher maire n’est pas le dernier dans cet exercice de confusion.

ST - 31 aout 2013 - photo Sylvain.jpg


 

 

 

 

 

 

Dans son éditorial du Magazine de Crolles (n° 34), François Brottes prétend que « 3,5 milliards d’euros vont être insufflés pour permettre au site industriel de Crolles de renforcer sa position de leader mondial sur le marché des semi-conducteurs ». En réalité, Nano 2017 n’est pas dédié au seul site de Crolles, mais doit bénéficier « aux industriels européens de la microélectronique » - Les Echos - 23 juillet 2013 - Nano 2017.pdf. ST sera chef de file d’un programme associant notamment IBM et le CEA. Le site industriel de Crolles sera bien bénéficiaire de Nano 2017, mais il est faux d’écrire que le programme est conçu pour le site de Crolles.

ST n’est pas leader mondial des entreprises de semi-conducteurs, mais parmi les leaders, entre la 6ème et la 8ème place. Les leaders sont Intel et Samsung.

Le maire de Crolles, et le premier ministre dans son discours, récidivent dans l’erreur en affirmant que « le site va doubler sa capacité de production ». En réalité, il est prévu de doubler la capacité de production de plaquettes 300 mm, ce qui est la production de l’usine dite Crolles300 (aussi nommée Crolles 2). Pour être précis, à l’horizon 2017, il est prévu une « étape intermédiaire avec une capacité de 5 700 plaquettes / semaine » (et non 7 000) (source : http://www.dgcis.gouv.fr/politique-et-enjeux/programme-nano-2017). Rappelons que les usines Crolles 1 et Crolles 2 sont gérées par deux sociétés (structures juridiques) distinctes.

En 2012, la production de Crolles 2 représentait environ le tiers de la production du site de Crolles (7200 plaquettes / semaines pour Crolles 1, 3500 pour Crolles 2, selon le rapport Reverdy 2012, Analyse de l’impact de STMicroelectronics sur l’emploi et le pôle économique Grenoble – Isère - Rapport Reverdy 2012.pdf). Pour 2017, les chiffres publics annoncent donc une augmentation de 21 % de la capacité de production, et non de 100 %, l’erreur est colossale.

Concernant les créations d’emploi, la direction de ST n’a pris aucun engagement chiffré, ce qui devrait mettre la puce à l’oreille sur le fait que les créations d’emplois ne sont ni garanties, ni faramineuses. (Source : Le Dauphiné du 23 juillet : Selon le président de ST Crolles, Carlo Bozotti, le site de Crolles verra une extension de son usine avec la création d’emplois, sans pour autant donner de chiffres précis).

Pour mémoire, « la CGT considère que seule une centaine d’emplois avaient été créés avec Nano 2012 contre 660 annoncés à l’époque » (Source : Les Echos, le 23 juillet 2013).

A tout seigneur, tout honneur, la palme de la perle ronflante revient au premier ministre qui ne craint pas de réécrire l’histoire comme un gaulois jamais sorti de sa vallée : « La microélectronique, François Brottes le rappelait, est née ici même il y a bientôt 60 ans, à Grenoble ». Monsieur Ayrault, il y a pourtant un aéroport à Nantes dont vous pourriez décoller pour aller vous renseigner sur la contribution de nos amis américains à l’histoire de la microélectronique, en particulier aux laboratoires Bell et chez Texas Instruments !

Décidément, Ayrault et Brottes font une belle paire de drilles affranchis de la véracité. Heureusement qu’ils n’ont aucune responsabilité chez ST, sinon la ruine rapide serait garantie !

Ces quelques lignes que je cite sont bien plus que des approximations que l’on pourrait pardonner à un maire surchargé par le cumul des mandats ou à un premier ministre venant de l’Atlantique et subjugué par le spectacle stupéfiant des reliefs du Grésivaudan. Ce sont des vraies manipulations qui occultent le fait que la commune de Crolles bénéficie depuis des années d’investissements décidés par l’Etat, ce qui devrait nous rendre humble sur l’origine de la prospérité locale, et d’autant plus rigoureux et partageux dans la gestion des deniers municipaux.

Enfin, du point de vue démocratique, il faut souligner l’anomalie consistant, pour le premier ministre, à annoncer, sans précaution oratoire, la participation des collectivités locales, alors que celles-ci n’ont voté aucune délibération chiffrée sur leur contribution (le conseil général de l’Isère a seulement voté une délibération validant "le principe" d'une contribution au financement de Nano 2017).

Malgré ces forfanteries estivales de quelques élus en manque de reconnaissance électorale, mon soutien à l’industrie reste indéfectible !

Francis Odier, 28 aout 2013

Discours_du premier_ministre_a_crolles 22 juillet 2013.pdf

Histoire de la microélectronique - par Maurice Bernard - ancien directeur CNET.pdf

Histoire de la microélectronique - par Philippe Matherat - ENST.pdf

Autre article sur ST : http://www.lecrollois.fr/archive/2012/07/19/vive-l-industrie.html - juillet 2012 

 

Extraits de presse

Les écologistes s’abstiennent et « restent vigilants » -

 http://isere.eelv.fr/2013/07/22/projet-nano-2017-les-ecologistes-restent-vigilants/

Dans leur communiqué, les écologistes soulignent qu’ « ils ont toujours critiqué le financement public direct à cette industrie et préfèrent le financement public de la recherche fondamentale et appliquée sur la micro-électronique ».

Du point de vue quantitatif, ils soulignent que « la participation des collectivités sera très faible pour le projet (moins de 3% de l’ensemble) mais très importante pour leur budget : elle grèvera leurs finances déjà bien mises à mal par la crise économique et sociale ».

 

L’omniprésence, la discrétion et la modestie légendaire d’André Vallini :

http://www.departements.fr/content/nano-2017-le-departement-de-laisere-en-avant-garde - Mise en ligne le 30 juillet 2013

Et pour Minatec comme pour le programme Nano 2017 on retrouve à la manœuvre le même chef d’orchestre. Car c’est bien André Vallini qui a rendu possible la réalisation de Minatec – projet que bien des institutionnels trouvaient alors quelque peu aléatoire – en engageant le Conseil général de l’Isère qu’il préside.

Pour Nano 2017 il a tout autant fait preuve d’omniprésence et de discrétion. C’est lui qui a défendu l’idée auprès de nombre d’interlocuteurs susceptibles d’y être associés, par exemple le Commissariat général à l’Investissement, à priori davantage tenté par des secteurs plus traditionnels. Ses liens personnels avec le Président de la République et avec le Premier ministre n’ont certes pas été un handicap pour faire avancer le dossier. « L’Isère a développé une véritable stratégie industrielle ancrée sur un territoire et fondée sur une capacité de recherche et d’innovation, » explique André Vallini. « Parce que nous refusons la fatalité de la délocalisation, nous mettons en réseau nos organismes de recherche, nos ingénieurs, nos entreprises et les collectivités locales. » 

La veille de la visite de Jean-Marc Ayrault et du lancement officiel de Nano 2017, le Conseil général de l’Isère votait une délibération formalisant son engagement financier. Pour montrer l’exemple.

Le cadre institutionnel des subventions nationales :

 http://www.dgcis.gouv.fr/politique-et-enjeux/programme-nano-2017  

(…) Le soutien de l’Etat à Nano2017 relèvera de la responsabilité de la DGCIS, sur les crédits du Fonds de compétitivité des entreprises (FCE),  aussi bien au titre du volet national du programme que de la participation française aux projets européens relevant du cluster Eurêka Catrene ou de l’initiative ENIAC. La DGCIS sera également chef de file du suivi interministériel de la mise en œuvre du programme.

Conformément au droit communautaire, ce soutien public fera l'objet d'une notification à la Commission européenne et ne sera effectif qu'après son autorisation.

 

 Rapport Reverdy 2012

 Tableau top 10 Semi-conducteurs en 2011.png

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Dauphiné, 23 juillet 2013

Ci-dessous : Le général Ayrault, coaché par le génial Jean Therme, suivi de près par l’hilare Destot.

Ayrault et Destot à Minatec - photo DL.jpg 

 

 

Le Premier ministre a sa sortie du campus d’innovation Minatec, hier, aux côtés de Jean Therme, directeur du CEA. PHOTO MARC GREINER, publiée dans le Dauphiné

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a donné le coup d’envoi du programme Recherche et développement des nanotechnologies, Nano 2017, d’une durée de cinq ans, à STMicroelectronics de Crolles (Isère). L’État s’engage à investir 600 M€ sur un budget total de 3,5 milliards d’euros, en partenariat avec IBM et le CEA Leti.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a donné le coup d’envoi du nouveau programme R & D des nanotechnologies, appelé Nano 2017, d’une durée de cinq ans, à STMicroelectronics de Crolles (Isère). L’état s’engage à investir 600 millions d’euros sur un budget total de 3,5 milliards d’euros, en partenariat avec IBM et le CEA Leti.

Après un an et demi de discussions entre les partenaires, le programme Nano 2017, voit enfin le jour. « Cela va permettre au pôle grenoblois de rester compétitif sur le plan mondial » a commenté Jean Therme, avant d’accueillir la délégation ministérielle à Minatec, campus d’innovation. Accompagné de Geneviève Fioraso, ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, d’Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif et de Fleur Pellerin, ministre déléguée au PME, Jean-Marc Ayrault a en effet visité le showroom de Minatec dans lequel se trouvaient de nombreuses applications concrètes émanant de la recherche sur l’infiniment petit. Cela va du capteur de mouvement aux puces « tissées ».

 

Chez le leader mondial des semiconducteurs

Puis, c’est à Crolles, sur le site de STMicroelectronics, leader mondial sur le marché des semiconducteurs, que le Premier ministre a officiellement donné le coup d’envoi à Nano 2017. Le nouveau programme de R & D de nanotechnologies permet à ST Crolles de doubler sa capacité de production et de renforcer son leadership dans les technologies-clés que sont notamment les microcontrôleurs, les solutions d’imagerie, les produits numériques grand public.

Sur un total de 3,5 milliards d’euros d’investissements, « l’État engagera 600 millions d’euros dans le nouveau programme de recherche » a annoncé le Premier ministre lors de son discours, « Et au total l’ensemble des porteurs du programme engageront plus de 3 milliards d’euros d’investissements industriels ou de recherche d’ici 2017… La France n’agit pas seule, l’Europe se donne pour objectif de créer une véritable filière à l’échelle du continent..». Puis haussant le ton, comme lors d’un meeting, il a exhorté l’assistance à sortir de la morosité ambiante. « Si vous cherchez une inspiration anti-crise, venez à Crolles, venez à Grenoble, il n’y a pas de raison de baisser les bras ! ».

D’après le président de ST Crolles, Carlo Bozotti, le site de Crolles verra une extension de son usine avec la création d’emplois, sans pour autant donner de chiffres précis.

par Saléra BENARBIA le 23/07/2013 à 06:00

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