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26 octobre 2012

Une soirée électorale avant l’heure

Une soirée électorale avant l’heure.jpg
Etats Généraux
de Crolles - 19 octobre 2012

Nous étions quatre, éditeurs/auteurs du Crollois, à l’entrée de la Marelle pour accueillir le public et offrir le cadeau souvenir de la soirée. Assis sagement dans les premiers rangs de l’auditoire pour ne rien manquer des discours, nous étions prêts à intervenir au cas où les animateurs de l’événement auraient eu l’idée, naturelle autrefois, improbable aujourd’hui à Crolles, de donner la parole aux citoyens.


Nos propositions pour organiser et animer ce type d’événement ont été exprimées de longue date, en particulier dans Le Crollois, en atelier Agenda 21 ou, pour Francis Odier, au conseil municipal entre 2008 et 2011. Résumons ces propositions pour les réunions publiques qui se revendiquent de la démocratie participative :

  • pluralisme avec des réunions publiques organisées et animées avec des élus minoritaires et, plus généralement, avec l’implication des minorités dans la municipalité,

  • ouverture et participation – en invitant à l’avance les associations et des personnes d’opinions et d’origines différentes à intervenir publiquement en réunion,

  • transparence sur les données en communiquant à l’avance, sur le site de la commune, des informations écrites, complètes, sincères, qui permettent aux habitants de préparer leur participation aux réunions publiques,

  • loyauté dans la communication et dans l’animation des réunions publiques pour éviter les procédés manipulatoires et les abus de position dominante.

Hélas, ces principes de bonne démocratie étaient totalement absents de ces Etats Généraux. Nous n’avions pas assisté depuis longtemps à un meeting électoral de François Brottes. Voilà qui est réparé. En gestionnaire avisé de sa carrière, le député-maire fait financer sa campagne électorale par la collectivité.

Comme dans ses éditos du Magazine de Crolles, François Brottes a commencé par un long plaidoyer pro domo dans lequel il fait les questions et les réponses. Parler tout seul est d’ailleurs un excellent moyen de ne pas être contredit ! Il va ensuite jouer les journalistes en interviewant lui-même les adjoints, avec des questions dont vous imaginez leur folle impertinence ... Puis, il se mut en présentateur de journaux télévisés en lançant des reportages "au cœur même de la commune". Et oh surprise ! Que disent ces films ? Devinez ? Rebelote, ils donnent la parole aux adjoints et montrent le plus possible de Crollois, pour réaliser l'effet du "vu à la télé" ! Aux États Généraux, pas de questions ! Uniquement des réponses. Nous vous les résumons d'une phrase : "Dormez tranquilles braves Crollois, François Brottes s'occupe de tout...".
Zéro temps de parole publique pour des élus de la minorité, zéro propos critique dans les quatre films projetés, zéro temps de parole accordé à la salle, zéro débat public … le plus irréductible des soutiens du maire, le plus godillot des conseillers conviendra que le terme « états généraux » n’était pas approprié pour désigner cette séance d’auto-promotion de l'équipe municipale.
Plus de 80 % de retraités (hors les employés municipaux), quelques panneaux d’information squelettiques déjà promenés presque à l’identique dans différents ateliers de « concertation », 3 ou 4 boites à idées échouées sur les tables comme pour décorer le buffet … même les incorrigibles optimistes de la majorité paisible peuvent commencer à s’interroger sur la vitalité démocratique dans la commune de Crolles.
Sans surprise, les petits fours étaient à la hauteur et la convivialité jamais prise en défaut. Il faut bien une exception, alors un adjoint se chargea de jouer le grincheux en passant à pas saccadés au milieu de notre distribution joviale de flyers, refusant de serrer la main, fermé comme une huître de Poutine, grinçant comme un sbire, contrarié comme un petit soldat en déroute.

Sur la méthode et les procédés de "communication", ce fut un festival publicitaire. Mettre en scène, sur scène, le soutien unanime du conseil municipal. Dès l’ouverture, jouer sur les émotions en instrumentant une championne para-olympique. Donner une illusion d’objectivité et de rigueur en affirmant sans rire "80% d’engagements tenus", propos indémontrable, dont l’ineptie serait facile à démontrer, mais qui bénéficie de la force argumentaire du chiffre.

Dans les films, montrer ce que les grands-parents attendent, ont déjà vu dix fois et redemandent : les enfants, la fête de l’école, les jeun’s en spectacle, les retraités reconnaissants, les vélos … Valoriser les seconds rôles enrôlés en leur confiant un morceau de promotion sur leur domaine de prédilection. Esquisser quelques insuccès pour faire croire au bilan critique. Réduire un sujet complexe, comme les finances, à quelques thèmes au succès garanti : la stabilité des impôts, les dégrèvements pour les faibles revenus. Se poser en victime des méchants procéduriers qui entravent l’avancée des projets bénéfiques pour la population. Éviter soigneusement les sujets vulgaires, qui fâchent ou peuvent inquiéter comme le travail, le chômage, les bouchons…

Quelques informations s’étaient glissées au milieu de ces manipulations et de cette démagogie.
"La déviation ne pourra pas se faire car la commune ne pourra jamais acheter les terrains qui manquent (…) Une déclaration d’utilité publique n’est pas possible
". Il aurait fallu expliquer pourquoi : car les seuls propriétaires qui n’ont pas vendu sont ceux qui, n’habitant pas la commune, sont insensibles aux pressions en tous genres exercées sur ceux qui ont vendu "à l’amiable"; car la déviation, contraire à toutes les politiques d’aménagement du territoire en dehors de Crolles, n’est pas un projet d’intérêt général et ne survivrait pas à un débat contradictoire avec une enquête d’utilité publique.
Concernant la déchetterie, "on va reconstruire à côté", ce qui est le choix du bon sens, reprend une proposition faite en réunion publique et montre que les habitants qui s’impliquent peuvent parfois peser sur les décisions. "On va chercher un autre site" rive gauche pour décharger la déchetterie de Crolles (nous n'avons pas noté les propos exacts de Francis Gimbert, mais le contenu est celui-ci) : excellente initiative. Il faut seulement ajouter que le maire avait défendu bec et ongle l’idée que ce n’était pas possible. Voilà une première illustration que le cumul des mandats de maire et de président de la communauté de communes était porteur de mauvais choix et de contre-vérité.

Encore un mot, avant de clore ce triste récit, pour répondre à des insinuations préméditées du maire et à quelques interventions filmées. Le public aura compris que nos élus n’apprécient pas la réglementation, les procédures et les contentieux juridiques qui les empêchent, disent-ils à mots plus ou moins couverts, de mettre en œuvre les "engagements" pris devant les électeurs. Ce faisant, François Brottes oublie qu'il est maire ! En tant que député, c’est son rôle d’avoir un avis critique sur les lois et de proposer leur évolution. Mais en tant que maire, son devoir est d’appliquer la réglementation sans la dénigrer. Nous voyons bien là l'effet délétère du cumul des mandats, avec la confusion des rôles... et une étrange conception de la démocratie.
Il faut ici revenir aux fondamentaux et rappeler que "
La Loi est l'expression de la volonté générale" : c'est en tous cas ce que prévoit l'article 6 de ... la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.
Dans une réunion inscrite dans la tradition des États Généraux, l’exécutif municipal devrait inciter au respect de la loi, y compris pour les dispositions qui permettent aux citoyens de faire valoir leurs droits et de contribuer au contrôle de légalité des actes de la commune.

Au final, que retenir de ces États généraux ?
Que les films étaient un peu longuets, que ce n'était pas la foule des grands soirs, que l’acoustique de la Marelle est toujours aussi difficile, que les petits fours étaient bons, quoiqu'un peu trop salés, qu'en guise de champagne, on a eu du mousseux, qu'il faisait chaud ce soir là ! Bref, que des messages essentiels à la vie démocratique de la commune !

Claude Muller et Francis Odier, 25 octobre 2012

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