Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19 octobre 2012

Le mi-mandat, le maire et ses amis joints

Le mi-mandat, le maire et ses amis joints.jpg

Voilà le bilan du mandat que vous n’entendrez pas aux prochains Etats Généraux de Crolles, à La Marelle le 19 octobre. Le bilan est mitigé. La continuité sans le changement. La continuité dans le dogme. Quelques belles réussites. Mais la municipalité a renoncé à la vitalité démocratique et l’opulence de ses finances masque les défaillances de sa gestion. Le plus grave est l’urbanisme, marqué d’irrégularités.


La Marelle.jpg

Pour les Etats Généraux 2012, le Magazine de Crolles de septembre annonce «  un bilan, à mi-mandat ». Voilà qui est surprenant sachant que le conseil municipal a été élu en mars 2008.

Sans doute s’agit-il d’un lapsus. Le député-maire voulait dire « je suis un mi-maire. Avec mes amis joints, nous faisons le mi-mandat, le minimum ». Sans surprise, je résume : le bilan est mitigé.

Pour nos élus, la discussion est inutile. Avant même l'ouverture des Etats Généraux, ils affichent triomphalement : "engagements tenus" ! 

Le bilan citoyen est fort difficile, et c’est pourtant l’exercice que je tente ici car il est nécessaire. Un audit extérieur serait utile, avec le soutien de la Chambre Régionale des Comptes, pour comprendre le fonctionnement réel des services municipaux, vérifier la gestion et analyser les décisions d’investissement. La municipalité privilégie la « communication » et maintient l’opacité sur les documents concrets et les chiffres détaillés dans lesquels il faudrait se plonger pour établir un bilan complet du mandat.

Marronnier 2.jpgQue restera-t-il du mandat ? D’abord, la continuité sans le changement. Les projets qui étaient en discussion avant 2008 ont été poursuivis à petite vitesse, pour le meilleur : le réseau des pistes cyclables, la rénovation des logements sociaux des Ardillais, la résidence Le Marronnier, la médiathèque, le parc Paturel, ou le pire : l’agrandissement de la zone commerciale avec le projet actuel de déménagement de la déchetterie.

Le quartier durable, évoqué en 2007 sous le nom d’éco-quartier, illustre la continuité dans la lenteur qui caractérise nos champions municipaux.

Les impôts locaux, la déviation, la digue du Fragnès en pneus sont de beaux exemples de continuité dans le dogme. La déviation est impossible à réaliser et désormais contraire à la réglementation issue du Grenelle de l’Environnement ? Peu importe, la commune s’arque boute et la fait inscrire dans l’arrêté de protection du captage d’eau potable « le trou bleu ». La commune ne parvient pas à dépenser tout son argent ? Peu importe, les impôts sont stables. La commune ne pourra pas financer seule la liaison Crolles – Brignoud ou l’installation de tel industriel ? Oui, mais les impôts auront été stables pendant des années.

Pneus 4 - digue du Brocey.JPG Il est reconnu que le positionnement de la digue du Fragnès en pneus n’a jamais été étudié au regard des risques et des enjeux de protection de l’habitat existant ? Oui (cela a pris du temps …), mais « on ne peut pas refaire en permanence les études », alors on garde le tracé dans la continuité des digues précédentes.

Il serait injuste d’en rester à l’immobilisme. Crolles bouge.  

La décennie écoulée pourra être citée comme celle où il est redevenu possible de circuler à vélo à Crolles. Piste cyclable.jpg Entre 2001 - JM 2001 - programme piste cyclable.pdf et 2011 où sont ouvertes les pistes rue de la Bouverie, rue Emmanuel Mounier, la liaison entre la MFR et l’avenue de l’abbaye, Crolles s’est transformée en une cité cyclo-compatible. Pour l’essentiel, le réseau communal n’est plus un obstacle au développement de la pratique du vélo par les adultes.

Pour les piétons et les cyclistes, les points noirs sont malheureusement connus : la rue de la Résistance, pénalisée par l’illusion entretenue sur la déviation et l’inaction concernant  l’aménagement du centre village ; la liaison Crolles – Brignoud, victime d’un égarement mégalomaniaque, heureusement temporaire, sur l’idée farfelue – pour cet endroit - du téléphérique.

A l’actif de l’équipe municipale, je retiens l’animation populaire et la vie associative. La municipalité a réussi à cultiver, sans trop l’abimer, la tradition culturelle et sportive ancrée depuis les années 1950 par des générations de militants, avec l’impulsion de Paul Jargot. Certes, la vie associative dépend surtout des bénévoles qui la portent. Mais la municipalité joue son rôle de soutien logistique.

chat qui dort.jpg En revanche, et là nous arrivons dans le passif, la municipalité a renoncé à la vitalité démocratique. Pour ne pas perdre leurs précieux subsides, les responsables associatifs choisissent l’abstinence politique. Le clientélisme n’est jamais très loin. Le Magazine de Crolles vise à nous endormir au pays des bisounours. Les Etats Généraux sont transformés en opération de propagande : un discours, quatre films et des petits fours, où est le pluralisme ? où sont les débats publics ? Le conseil municipal est une chambre d’enregistrement. Les simulacres de concertation (dont l’agenda 12 est la figure de proue) deviennent lassants. Le maire traîne les pieds pour respecter le droit d’accès aux documents administratifs, obligeant bien souvent ceux qui veulent faire valoir ce droit à saisir les juridictions compétentes.

Dans ce chapitre du bilan, le cumul des mandats tient une place centrale. Le cumul est un désastre, tout le monde le sait et le reconnait. Les conseillers municipaux le disent en privé. François Brottes le dit en public et s’engage par écrit à renoncer au cumul au plus tard en septembre 2012. Il ne tient pas cet engagement. Personne ne bouge, la démocratie est atteinte.

Loin de toute orientation politique concrète (la gauche sociale, la droite libérale, l’écologie, le redressement productif …), la municipalité se veut surtout consensuelle et gestionnaire. Mais la convivialité des élus et la saveur du petit vin blanc servi à la fin des ateliers de concertation ne font ni la compétence, ni la bonne gestion.  Le conseil municipal ne sait pas faire simple – et vote des projets dispendieux : plus de 3 M€ pour déplacer la terre dans le parc Paturel, encore 3 ou 4 M€ pour déplacer la déchetterie de 500 mètres, 2 M€ et plus dans une salle festive de 350 places, 520 000 € pour ouvrir la brasserie du loup … Les malfaçons ne sont pas rares (gymnase Guy Bolès, gymnase Léo Lagrange) …

Malgré ces dépenses qui mériteraient d’être évaluées de près et alors que le pays tout entier est en crise, la commune a trop d’argent ! En 2012, elle récupère un crédit souscrit à Dexia en 2003 et dont elle ne sait que faire, elle doit consigner 7,9 M€ auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations – à un taux de 1 % bien inférieur au taux payé à Dexia.

Le plus grave est l’urbanisme. Il s’agit de façonner la ville pour des dizaines d’années. On quitte le registre des erreurs pour aborder celui des fautes et des irrégularités. Le Plan Local d’Urbanisme permet tout et n’importe quoi, comme on le voit le long de la RD 1090 ou au Brocey, sans protéger le patrimoine urbain, agricole et naturel.

Immeuble Rue Mayard.jpgUn immeuble récent rue de Mayard, construit et habité, vient de voir son permis de construire annulé car illégal.

A Crolles, la justice n’est pas la même pour tous. Le citoyen de base est convoqué en mairie et tancé s’il ne déclare pas l’installation d’un store. Dans le même temps, un grand commerçant ouvre son établissement sans que soient instruites correctement les autorisations de sécurité.

La commune achète à grands frais un terrain dans le parc du château pour y construire des logements, alors même qu’elle possède déjà de nombreux terrains constructibles dans le secteur dit du quartier durable, bien situé pour les transports en commun. Ici comme ailleurs, mieux vaut être châtelain que simple villageois.

Ce mandat est celui de la prospérité gâchée. Le conseil et la municipalité ont un pied dans le passé, un pied dans leur bulle, un œil distrait sur la crise qui monte, le cerveau encombré par les difficultés du quotidien. Serrant les fesses sur le trésor qui fond, ils rechignent à penser leur responsabilité propre. Le maire a la tête ailleurs, dans son parti, sa carrière. Mené par cet attelage hétéroclite, faussement unanime, la commune avance en cahotant, évitant les ornières qui surgissent ici ou là dans le brouillard. Chacun se protège, tire son épingle du jeu, s’engage quand il le peut et, vaille que vaille, participe à la vie commune où se mêlent inextricablement grandeurs et petites lâchetés, ambitions déçues et fragments d’espoir.

Francis Odier, 17 octobre 2012

 

Les commentaires sont fermés.