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11 juin 2012

Vers la fin du cumul des mandats - à Crolles comme ailleurs

Enfin, le parti socialiste et François Hollande s’y sont engagés, nous allons vers la fin du cumul des mandats.

Bientôt, cette tradition française apparaîtra aussi archaïque et anti-démocratique que le vote censitaire ou le non-droit de vote pour les femmes.

Les anti-cumulards, dont je suis, brulent leurs dernières cartouches et publient in extremis des articles de synthèse qui décortiquent cette tradition bien française préjudiciable au travail parlementaire et, plus largement, à la démocratie et à la société dans leur ensemble.

A lire :

- Cumul des mandats, un mal français, dans Alternatives Economiques de juin

- une Assemblée de cumulards, dans Le Monde de ce 9 juin

Après la disparition du cumul, il restera un sujet d’étonnement et d’étude. Comment une telle disposition, dont la nocivité était connue et reconnue,  a-t-elle réussi à perdurer aussi longtemps ? D’autres dossiers où il y a eu erreur collective persistante me viennent à l’esprit, mais, dans un texte qui doit rester court, je ne veux pas prendre le risque de l’amalgame qui pourrait blesser ou provoquer des réactions de rejet.

Dans une Assemblée de cumulards, Le Monde explique très clairement pourquoi les députés ont tout intérêt à chercher un mandat local pour gérer leur carrière.

Hervé Gaymard, qui n’a plus rien à perdre concernant son image politique, est appelé à la rescousse pour nous resservir l’ultime argument de l’arrière garde des défenseurs du cumul : le mandat local permettrait de garder la proximité avec le terrain, les vrais gens et les vrais problèmes … La belle affaire ! Certes, un député à plein temps depuis plus de 10 ans s’éloigne incontestablement de la vie commune. Alors, notre voisin savoyard, promu avocat du syndicat des parlementaires accrochés à leur fauteuil, préconise le cumul des mandats comme remède aux durées excessives dans le mandat. On comprend que la démocratie se porte mal.

Face au même problème de la connaissance « terrain » par les dirigeants d’état-major, les entreprises ont choisi la mobilité : pas plus de 5 ou 10 ans dans la même fonction, c’est une règle saine  … qui ne demande qu’à être transposée en politique.

Malgré trois pages d’articles pour tirer sur le cumul déjà presque à terre, Le Monde ignore la moitié du problème : pourquoi des élus locaux honnêtes, dévoués, cultivés, libres en droit, ont-ils portés à la tête de leurs collectivités locales des parlementaires ?

La première réponse, la plus évidente, est celle du conservatisme : en votant pour des cumulards, les élus ont préféré la tradition aux bonnes pratiques.

Il faut poursuivre la réflexion. On ne peut comprendre la monarchie et l’absolutisme sans s’intéresser à la servitude volontaire – cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire :

Comment peut-il se faire que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ? ».

C’est bien le peuple qui délaisse la liberté, et non pas le tyran qui la lui prend.

De même, le cumul des mandats reste incompréhensible tant qu’on ne voit pas que la culture hiérarchique et la soumission au chef imprègnent notre société.

En supprimant le cumul des mandats, la future majorité parlementaire corrigera une défaillance institutionnelle grave -  et il faudra saluer cette avancée à sa juste valeur.

En tant que citoyens, il nous restera la charge de lutter contre la discipline de parti, contre l’autocensure, et le devoir de militer inlassablement pour la société des égaux, pour le respect de l’esprit des lois, pour la capacité de chacun à penser par lui-même.

Francis Odier

PS : A lire absolument, un ouvrage un peu ancien, mais toujours d’une actualité brulante : Les décisions absurdes, Sociologie des erreurs radicales et persistantes. Christian Morel, Gallimard, 2002.

« Il arrive que les individus prennent collectivement des décisions singulières : ils agissent avec constance dans le sens totalement contraire au but recherché. Ces décisions absurdes se traduisent par des erreurs radicales et persistantes. (…) Quels sont les raisonnements qui produisent ces décisions absurdes ? Comment peut-on se tromper et persévérer ? … »  Il faut lire Christian Morel.

 

Commentaires

A noter !
dans les engagements individuels de campagne, ceux pris par les candidats isérois interrogés par l'association iséroise Anticor 38 sur les propositions issues du rapport du député Giran, notamment celle du candidat Brottes :http://anticor38.over-blog.com/article-reponse-de-monsieur-fran-ois-brottes-ps-5eme-106839974.html

Écrit par : Emmanuel Wormser | 13 juin 2012

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