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26 mars 2012

Transport par câble - le retour

Liaison par câble vers le Vercors

Grenoble-Alpes Métropole annonce la réalisation d’une liaison par câble vers le plateau du Vercors.

Fin décembre 2011 nous avons enterré le projet de liaison par câble entre Crolles et Brignoud.

Que penser de ce projet pour le Vercors, sachant que chat échaudé craint l’eau froide et que citoyen lucide et vigilant vérifie les promesses d’élus ?

Je suis peu sensible à la rhétorique pompeuse glorifiant ce véritable trait d’union entre le Vercors et l’agglomération grenobloise, entre la montagne et la vallée (…) cette innovation qui s’inscrit dans la logique nécessaire d’une adaptation des aires urbaines à une société post carbone et étoffe les options de déplacements proposées aux citoyens dans le cadre du projet politique de l’agglomération : une agglomération solidaire, une agglomération nature et une agglomération innovante.

grenoble,transport par câble

Avec son tracé direct de 10 km entre Lans en Vercors et Fontaine, en correspondance avec le tram, la liaison du Vercors est assez longue pour présenter une réelle alternative à la voiture, ce qui n’était pas le cas sur Crolles – Brignoud où les inconvénients de la rupture de charge étaient rédhibitoires pour un trajet de 2 km.

Pour aller plus loin dans l’analyse, le mieux est de partir des chiffres, en appréciant ce projet au regard d’autres opérations de même nature. Voici quelques données publiques :

 

Tracé et date de mise en service

Longueur

Coût d’investissement

Trafic attendu

Crolles – Brignoud / projet avorté car inintéressant au regard d’un simple pont

Entre 2 et 3,5 km selon les tracés

10 à 19 M€

880 à 1200 / j

Fontaine – Lans en Vercors / mise en service en 2014 ?

10 km

50 M€

3000 / j

Vanoise Express / une belle référence de Poma, le plus gros téléphérique du monde - 2003

 

2 km

16 M€, pour 2 téléphériques en parallèle et indépendants

Cabine de 200 places, capacité de 2000 p / h

Arménie, Halidzor – Tatev / le plus grand téléphérique du monde, 2010

5,7 km

13 M€

-

Tram E, Grenoble – Le Fontanil / chantier en cours - 2014

11,5 km

300 M€

45 000 / j

Pour la liaison du Vercors, il faut observer l’extrême prudence de la Métro qui n’affiche ni le coût, ni le trafic attendu. Elle se contente d’indiquer la situation existante : trafic pendulaire entre le Vercors et la vallée : 9 000 véhicules jours. 60 % des actifs de Lans travaillent dans l’agglomération grenobloise. 1700 personnes utilisent les transports en commun.

Le chiffre de 50 M€ pour le coût d’investissement provient du Dauphiné Libéré du 23 mars 2012. Il n’engage donc personne, mais je le retiens pour la comparaison car il me paraît crédible vu Vanoise Express qui est bien réel.

Pour le trafic, on peut parier sur l’amélioration de la fréquentation par rapport aux bus actuels, d’où l’objectif de 3000 usagers / jour.

Les coûts annoncés, 5 M€ / km, sont quasi identiques entre Crolles – Brignoud et Fontaine – Lans en Vercors. Pour le Vercors, le tracé est plus simple (une seule ligne avec une gare intermédiaire, alors qu’il était envisagé deux branches pour Crolles), et le cout des gares amorti sur une plus grande longueur qu’à Crolles – Brignoud.

Les couts estimés par km étant identiques sur les deux liaisons, alors que le cout unitaire devrait être supérieur pour la ligne la plus courte, je pense que le cout de Crolles – Brignoud a été quelque peu sous-estimé.

Le téléphérique arménien est annoncé comme moins couteux, 3,4 M€ / km, mais il s’agit d’une installation à vocation touristique (et non d’une véritable infrastructure de transport en commun) construite dans un pays où les salaires moyens sont de l’ordre de 230 € / mois à fin 2011.

Les objectifs en nombre de voyageurs sur le transport par câble du Vercors sont ambitieux, mais réalistes si le prix des carburants se maintient à un niveau très élevé et si la Métro poursuit une politique d’aménagement peu accueillante aux véhicules individuels.

L’investissement par client potentiel / j est de l’ordre de 15 k€ pour les deux liaisons par câble. Il est moitié moindre pour le tram E : 7 k€, alors que les lignes ont des longueurs de même ordre.

Concernant le coût par voyageur transporté, l’écart de 1 à 2 n’a rien de scandaleux. La desserte des zones rurales est plus couteuse que celle des zones urbaines. Les habitants de la vallée bénéficieront aussi d’un accès plus facile au Vercors.

Pour l’impact paysager … nous sommes en ville et accoutumés des remontées mécaniques. Si le prix à payer pour se désintoxiquer de la voiture est de voir des pylônes, et bien, va pour les pylônes.

Hélas, cette liaison du Vercors n’échappe pas au soupçon du clientélisme et de l’aménagement politicien. Il s’agit du cadeau de bienvenue dans la Métro offert aux communes du plateau du Vercors. On a vu pire. Et ce motif peu louable n’enlève rien aux qualités intrinsèques du projet.

grenoble,transport par câble   Si la liaison du Vercors est réalisée, elle pourra être inscrite au livre des records, rubrique « plus grand téléphérique du monde ». C’est la principale réserve que je retiens sur ce projet : nous n’avons pas d’expérience d’une ligne aussi longue. Un trajet quotidien de 30 minutes impose d’aménager des cabines, avec sièges et chauffage, sans se contenter de la simple copie de nos télécabines de sport d’hiver.

Vu la longueur de la ligne, la faisabilité n’est pas établie. Mais, les ingénieurs de Poma feront des prouesses !

En conclusion, au vu des informations publiques disponibles, nous avons enfin un projet de transport par câble qui tient la route et qui devrait répondre positivement à l’intérêt général.

Un dernier mot, comme la Métro se veut innovante. J’espère que les élus auront l’intelligence et le courage d’éviter tout simulacre de mise en concurrencedont le seul but serait de feindre de respecter les bonnes règles de l’économie de marché. A Grenoble, nous avons Poma et Poma construit des téléphériques. Autant le dire tout de suite, ne soyons ni des intégristes, ni des faux-culs de la concurrence.

Si, pour cette liaison du Vercors, la Métro renonçait ostensiblement à la concurrence, elle rendrait un fier service à la société !

Francis Odier, 26 mars 2012

Sources: 

Liaison par cable vers le Vercors - dossier de presse.pdf

Communiqué de presse AFP sur téléphérique Arménie.pdf

Liaison Brignoud-Crolles_Reunion publique 15 dec 2011_def.pdf

 

19 mars 2012

Atmosphère, Atmosphère, vous avez dits atmosphère...

Quittons la salle de cinéma de notre jeunesse et respirons l’air du Grésivaudan, avec précaution… au travers des informations données lors de l'excellent Café Scientifique du 2 février dernier.
Organisé par des passionnés en partenariat avec le Club CNRS du Dauphiné, ils sont animés par Claude Muller et organisés au restaurant Le Bernin, tous les deux mois. Le programme est donné sur le site de
Travelling.

La dernière rencontre avait pour titre l’Air, bonjour la galère. Elle était sous-titrée la pollution de l’air dans nos vallées alpines . Les scientifiques invités étaient Marie-Blanche Personnaz, directrice de l’Air Rhône Alpes et Jean-Luc Jaffrezo, directeur de recherche CRNS au laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement (LGGE).

intervenants2.jpg

Je vous en donne ici un compte rendu non exhaustif, car il est difficile de raconter tous les échanges autour de ce café, tant ils ont été nombreux.

La qualité de l’air, classée de « bon à mauvais », est affectée par les pollutions chimiques de tous ordres. Les principales étant les CO2, CO, NO, NO2, le benzène et ses dérivés, les HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) et les pollutions de particules physiques dites les particules fines (PM : Particule Matter) de différents diamètres (10 µ, 2.5 µ). Plus le diamètre est petit, plus la pénétration dans les poumons sera dommageable.

En hiver, à Grenoble, la mauvaise qualité de l’air est due à 60% au chauffage des habitations !!! Les transports, dont le diesel, et les activités industrielles ont les autres causes de pollution.

station Crolles2.jpgEn France, la mauvaise qualité de l’air provoque 40 000 décès anticipés. On estime le coût des soins dans une fourchette de 200 à 800 millions d’euros.

L’exposition à ces particules fines (PM 10, PM 2.5) est très encadrée par les normes de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et repris par l’UE (Union européenne).

Pour les PM 10, la valeur à ne pas dépasser pendant 3 jours/an  est de 50 µg/M3. Une seule journée ne devant pas dépasser 125  µg/M3. La valeur moyenne annuelle maximum étant de 40 µg/M3.

Pour les PM 2.5 (les plus dangereuses…), pas de valeur à ce jour, mais seulement des recommandations du Grenelle, 20 ou 15 µg/M3, sacahnt que l’OMS propose 10 µg/M3.

station Crolles.jpgToutes les mesures des polluants sont acquises par un réseau très dense de stations de mesure. Voir le site de Air Rhone-Alpes, très complet. A Crolles, la station "Est- Grenoblois Grésivaudan" se situe dans la cour de l’école des Sources, proche de la salle Boris Vian.

La configuration géographique de Grenoble (vallées entourées de massifs montagneux élevés) est affectée par l’accumulation de la pollution atmosphérique. En hiver, en été, de puissants anticyclones bloquent les masses d’air. Depuis Chamrousse ou des Sept Laux, Grenoble  disparait dans la brume…

L’autre signature visuelle, vue de la vallée, est la couleur du ciel. Par grand beau temps , il est pastel, bleu délavé. Pour retrouver un ciel d’un bleu intense, il faut monter en altitude ou aller dans le Triéves/Dévoluy pour voir et écouter de belles nuits intenses.

vallee2.jpg

Le graphique ci-dessous montre un suivi des relevés des PM 10 pour la journée de Mardi 6 Mars à la station de Crolles.

On peut estimer que, dans ces conditions de fort vent du Nord, les valeurs de PM 10 sont au minimum_ vers 10µg/m3. Mais elles remontent très rapidement dès le Mercredi 7 mars à partir de 8H.

Si on fait une extraction des mesures de PM10 sur une période de grand froid (du 9 Fév. au 14 Fév), la qualité de l’air et tout autre …. Dans les zones urbanisées, on atteint des valeurs de 70 à 90 µg/M3.

A partir de 50, nous sommes dans un système d’information journalière, à partir de 80, c’est l’alerte journalière. Ces seuils d’information et alerte sont émis et gérées par un dispositif préfectoral induisant, en autre, de réduire votre vitesse. Il n’a d’effet que jusqu'à de 200 mètres de l’axe routier…

graph.jpg

Pour ne pas avoir pris des actions afin de réduire la pollution par rapport à 2005 !!!, la région Rhône- Alpes est condamnée par la cour de Justice Européenne à payer une amende de 40 millions d’euros !!!


Comment, en tant que citoyen, peut-on participer à la réduction de cette pollution ?

Faire respecter la législation, Soutenir et Alerter nos élus.
Privilégier les transports en commun
, sortir son vélo, penser à la marche à pied, réduire sa vitesse en voiture, grouper ses déplacements (travail, loisir), penser autre que diesel.
Pour le chauffage au bois (un habitant sur 9) bannir les foyers ouverts (pas de rendement, pollution totale et assurée) privilégier les petits foyers fermés labellisés Flamme Verte pour une combustion à haute température, utiliser du bois sec (minimum 2 ans, débité et fendu) ; un arbre entier abattu ne sèche que très lentement. Une norme de qualité du bois devrait être éditée au même titre qu’il existe des témoins d’usure sur les pneumatiques ; c’est un problème de salubrité publique. Nos voisins, suisses, allemands, autrichiens sont nettement plus rigoureux.
Une très bonne alternative est d’utiliser les poêlés à pellets (produit garantie, combustion très complète, rendement maximum supérieur à 90% et avoir fiscal).
Ne jamais brûler des produits de taille verte (feu de végétation) ; la fumée blanche/bleue qui s’élève dans la nature est une source de pollution colossale annulant tous les efforts faits ponctuellement ; c’est théoriquement interdit mais un peu toléré, localement admis ...
Pour les transports, Grenoble est candidat à la création d’une zone ZAPA (Zone d’Actions Prioritaires pour l’Air) mais pas avant 2013, donc après les élections. Le décret est sorti le 22 février, puis il faudra définir une première étape, puis établir une mise en œuvre.
D’où l’intérêt d'interroger les élus sur leurs programmes à venir.

Jean Paul Chollet

15 mars 2012

Les vestiaires de la fédération de foot

Le chantier des nouveaux vestiaires de Crolles est presque fini.

crolles,normes,post-démocratieA La Marelle, les ouvriers ont démonté les équipements de skate encore récemment fréquentés par des enfants en trottinettes ou en tricycles qui profitaient du départ des grands ados vers le skate park du gymnase Guy Bolès.

crolles,normes,post-démocratieCe projet pèse financièrement lourd : autour de 200 ou 250 milliers d'euros (à vérifier, le cout complet du chantier n’a pas encore été publié dans le journal municipal). Pourquoi donc cette nouvelle construction ? Est-ce que l’on manquait de vestiaires, le gymnase Léo Lagrange et la Marelle étant à deux pas ? Que nenni !

Voici ce qu’en dit le procès-verbal du conseil municipal de Crolles, 20 janvier 2012, qui a autorisé le maire à déposer un permis de construire : « Les vestiaires actuellement utilisés par le Football club Crolles Bernin accolés au gymnase Léo Lagrange ne sont plus aujourd’hui adaptés aux besoins de la fédération de foot tant en termes de taille que de localisation. C’est pourquoi, il est prévu la création de nouveaux vestiaires en complément de ceux utilisés à la Marelle et conformes aux normes de la Fédération Française de Football ».

Oui, vous avez bien lu ! La motivation du projet n’est pas de répondre aux besoins des joueurs de foot, mais aux besoins de la fédération de foot. Incroyable, mais vrai. Il s'agit de passer sous les fourches caudines de la fédération qui a édicté une norme selon laquelle, pour un terrain de la catégorie que revendique le Football Club Crolles-Bernin (FCCB), il ne doit pas y avoir de route ou de rue entre le stade et le vestiaire.

La fédération a dit : "on ne traverse pas la rue en short". Alors, les élus ont dit : « oui, chef », et débloqué les crédits nécessaires.

C’est ce qu’on appelle la tyrannie des normes, la société post-démocratique où on ne réfléchit plus aux besoins de la population mais où on applique des règlements technocratiques et, bien souvent, corporatistes.

La décision de principe ayant été prise, ces vestiaires auraient pu donner un beau chantier participatif, incitant les joueurs de foot à mettre la main à la pâte, avec l’aide des citoyens volontaires. Dans cette affaire, il n’y a pas de calendrier à tenir absolument, le bâtiment à construire est plutôt simple. Il y avait une occasion en or, pédagogique, pour expérimenter publiquement des matériaux innovants et écologiques tels que botte de paille,  blocs de chanvre, terre de paille, terre massive comme on en fait dans les Terres Froides, et le tout avec une ossature en bois de Chartreuse.

Ce bâtiment, s’il a le malheur d’être chauffé, sera un gouffre énergétique, en opposition complète avec une politique de maitrise de la consommation. 

 L’intégration du vestiaire dans le paysage est déconcertante et de très mauvais gout. Face à tant de laideur, il ne reste plus qu’à souhaiter que le blanc algeco se transforme vite sous le pinceau créatif des artistes en herbe qui sont nombreux à Crolles comme on peut le voir sur le kiosque juste à côté. crolles,normes,post-démocratie

C’eut été une occasion de faire ensemble … Occasion manquée … Peut-être pour une autre fois.

Il faut croire que l’agenda 21 qui dit vouloir « accentuer la participation citoyenne » et « Utiliser des matériaux innovants dans l’aménagement et l’entretien de l’espace public » ne concerne pas les vestiaires de la fédération de foot.


Crolles, 15 mars 2012

Jean-Paul Chollet (amateur de paille et de chantier participatif) et Francis Odier (pourfendeur des normes anti-démocratiques), avec la contribution de Denis David (spécialiste du développement vraiment durable).

 

Addendum - 16 mars 2012 : Je reçois le compte-rendu de la commission Sport Culture vie Associative et Patrimoine (SCAP) du 10 février 2012. Extrait : "Echange sur les projets sportifs en 2012 - Projet sur les équipements sportifs : Pour sécuriser les déplacements entre les vestiaires et les terrains, des vestiaires de football seront mis en place d'ici fin mars 2012 sur l'ancien skatepark. Cet aménagement répond à une norme fédérale qui impose que les vestiaires foot soient dans l'enceinte du stade pour prétendre à disposer d'un terrain homologué. Ces structures modulaires seront décorées par du graph ou une fresque".

Commentaires : les élus sont informés alors que le projet est bouclé, prêt à être mis en oeuvre. Non seulement il n'y a pas de concertation avec les habitants, mais même les élus ne sont pas vraiment impliqués. Oui, la décoration par une fresque sera bienvenue. 

Je réitére une proposition que j'ai déjà faite moultes fois : les comptes-rendus des commissions municipales devraient être publiés. Il n'y a rien qui justifie la confidentialité dans ces comptes-rendus.

F. Odier

13 mars 2012

Partie de poker au Casino de Crolles

On le sait, la commune de Crolles a beaucoup aidé l'installation de grandes surfaces commerciales sur son territoire : Grand Frais, Satoriz, Gifi ou Besson sont les étapes les plus récentes de cette démarche fragilisant l'équilibre ténu des petits commerces dans toute la vallée et ses balcons et  créant de nouveaux besoins de déplacements sans diminuer les trajets pendulaires vers l'agglomération grenobloise... Cette politique assidument poursuivie permettrait maintenant à l'entrée de notre ville d'être un candidat sérieux au concours de la France moche.

Les ateliers du PLU avaient été l'occasion de présenter un projet grandiose de transformation de Casino en hypermarché doté d'une galerie marchande. La levée de bouclier des quelques participants avait alors été un premier signal d'alarme pour les élus communaux. La question de l'ouverture de Grand Frais le dimanche et de ses conséquences probables sur l'achalandage du marché dominical venaient confirmer cette sensibilité locale des électeurs.

commerce 3.jpg

Et puis, il fallait faire oublier les petits arrangements mis en oeuvre pour d'autres enseignes -procédure "accélérée" pour autoriser la reconstruction de Grand Frais, cécité et surdité sur la dépollution du sol du terrain UGIMAG, implantation de l'éco-centre hors zone dédiée aux grands commerces par le SCOT ...

Alors quelle meilleure cible, quelle victime expiatoire plus visible pouvait-on trouver que ce bon vieux Casino déjà montré du doigt lors des ateliers PLU ? Surprise que l'enseigne ait mis fin à l'accord passé pour l'utilisation d'une partie du parking en parc-relais, la commune se lançait dans une guerre d'usure avec le groupe stéphanois.

L'opposition aux autorisations d'aménagement commercial

Lorsque Casino a présenté en commission départementale une demande d'autorisation d'agrandissement, la commune, suivie par les autres membres de la commission -c'est une tradition- s'est opposée au projet. Las, trois fois las, l'enseigne emportait la mise en commission nationale, structure d'appel de la décision départementale. La commune a alors délibéré pour engager un recours devant le Conseil d'Etat contre cette nouvelle décision... Les insuffisances du dossier d'instruction en CNAC et du texte de la décision permettent d'espérer une issue favorable à la commune dans ce recours -on ne peut pas perdre à chaque fois- grâce à l'évolution de la jurisprudence depuis la loi de modernisation de l'économie de 2008.

Nul doute que Casino attend avec impatience la décision du Conseil d'Etat pour déposer un dossier enrichi sur les points que la haute juridiction aura retenu pour annuler, le cas échéant, la décision du 27 avril 2011 -essentiellement des informations relatives à la prise en compte des principes du développement durable dans le projet, si les motifs ressortent de ceux habituellement retenus en pareilles circonstances.

Et maintenant le permis de construire

Et la guerre de tranchée connait aujourd'hui un nouveau champ de batailles : c'est cette fois à la demande de permis de construire le bâtiment agrandi que la commune a opposé un refus... La lecture de l'arrêté de refus est édifiante : l'insuffisance des places de stationnement réservées aux cycles est le seul motif que la commune ait pu opposer à l'enseigne !Casino 3.jpg

Pourquoi un motif, aussi...mesquin ? Parce que soucieuse d'y garder les "mains libres", la commune a sous-règlementé le plan local d'urbanisme dans ce secteur du territoire communal et qu'à force de vouloir éviter d'être elle-même confrontée à des contraintes d'urbanisme pour ses propres projets, elle n'a rien de plus solide à opposer au groupe de commerce.

Là encore, la suite fait peu de doutes... L'enseigne va modifier son projet -il s'agit, à l'échelle d'un tel programme, d'une correction pour le moins mineure!-, déposer une nouvelle demande de permis de construire et, vraisemblablement l'obtenir.

Mais la guerre pourrait ne pas s'arrêter là : Casino pourrait, parallèlement, engager un recours contre le refus qui lui a été opposé -la commune aurait pu prescrire tout simplement la réalisation des places de vélo  manquantes, ce qui n'était pas irréalisable- et, en cas de succès, engager la responsabilité financière de la collectivité qui l'a privé de juteuses recettes en usant de procédés détournés pour s'opposer à l'agrandissement du magasin.

Nous payerons alors tous, avec nos impôts et en espèces sonnantes et trébuchantes, l'imprévision des élus qui ont rédigé ce règlement d'urbanisme en creux...

 Emmanuel Wormser

06 mars 2012

Adieu la redevance incitative, vive la taxe sur les ordures ménagères

Petit histoire (inachevée) de la redevance incitative sur les déchets à Crolles et dans le Grésivaudan

logopoubelles.png  Les meilleures intentions du monde peuvent conduire à de fausses bonnes idées. Heureusement, le bon sens finit par l’emporter et nos élus raisonnables choisissent au final les solutions les plus efficaces et socialement bénéfiques ! Telle est la belle histoire de la redevance incitative (RI) sur les déchets dans le Grésivaudan.

En 2009, tous les élus (ou presque) étaient pour. En 2011, la RI est abandonnée et tous (ou presque) s’en satisfont.

Que s’est-il passé ? Sans doute, le retour du réel après un emballement collectif et une approche superficielle du dossier. 

Mais, à vrai dire, je n’en sais trop rien ! Autant le maire était disert pour expliquer les avantages potentiels de la RI, autant il est resté discret sur les résultats de l’étude qui ont conduit à revenir à une bonne vieille taxe sur les ordures ménagères. Nos élus n'ont pas la culture du retour d'expérience. Ils n'aiment pas expliquer pourquoi ils ont changé d'avis. 

 … et pendant ce temps, la redevance incitative s’étend dans le Sud Grésivaudan : « Muni de son badge d’identification, l’usager se déplace sur un point de regroupement pour y déposer son sac poubelle d’ordures ménagères. Il paiera en fonction du poids des déchets non valorisables qu’il aura mis dans le conteneur (…) » [Les Affiches de Grenoble, 11 décembre 2012] … Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà … L’histoire n’est sans doute pas achevée. Les industriels des poubelles à puce et de la pesée embarquée n’ont pas dit leur dernier mot.

Plus que jamais, je redoute la marchandisation envahissante de notre quotidien. Sortir de la société de consommation, c'est chercher la simplicité, la sobriété, et proscrire la fuite en avant technologique. 

Pour inciter au tri et au compost et réduire les coûts de collecte, je fais une proposition dont la mise en oeuvre serait très facile : espacer le rythme des collectes, par exemple en adoptant un passage bi-mensuel (actuellement, à Crolles, la collecte est hebdomadaire).

L’histoire commence dans l’enthousiasme consensuel du Grenelle de l’Environnement

La loi dite Grenelle 1 (3 août 2009) prévoit que « La redevance d'enlèvement des ordures ménagères et la taxe d'enlèvement des ordures ménagères devront intégrer, dans un délai de cinq ans, une part variable incitative devant prendre en compte la nature et le poids et/ou le volume et/ou le nombre d'enlèvements des déchets ».

Le 29 Juin 2009, le Grésivaudan adopte sa charte du développement durable. jpg_logo_gresiom_rvb_web.jpg  Au titre de l’objectif « gérer les ressources de manière économe », la communauté de communes mentionne « sa volonté affichée d’aller vers une redevance incitative » :

 Cette affaire de redevance incitative me titille. Je me renseigne, me documente … et je me forge une solide conviction que je publie en février 2010 sur mon blog : La redevance incitative sur les déchets est une fausse bonne idée

  • Les objectifs de réduction des déchets peuvent être poursuivis par d’autres moyens plus simples.
  • Les retours d’expérience dont on dispose (notamment le cas emblématique de Besançon) ne permettent pas de conclure à la pertinence de la redevance incitative.
  • La redevance incitative s’inspire du principe pollueur / payeur. C’est une logique de réparation, mieux vaudrait une logique de prévention fondée sur la réduction des déchets à la source.
  • La redevance incitative complexifie la collecte et augmente les coûts réels de gestion.
  • La redevance incitative est une logique d’individualisation et de marchandisation.

ccpaPN les pieds nickelés gèrent les déchets.jpg Peu de temps après, j’ai découvert l’existence du collectif citoyen contre la taxe incitative dans la plaine de l’Ain. 

 Voilà qui me rassure : je ne suis pas seul ! 

Le sujet est porté à la connaissance du public via Interlignes, Journal du Grésivaudan en février 2010 : « Les élus réfléchissent à l’instauration d’une redevance incitative à compter du 1er janvier 2011 » … Moins l’habitant produira de déchets à traiter, moins il paiera.

En octobre 2010, le Grésivaudan renonce – au moins temporairement – à la redevance incitative et adopte la TEOM, désormais dotée de plusieurs avantages.

C’est un enterrement de première classe, même si le journal municipal de Crolles, en novembre 2011, maintient officiellement l’objectif : « En parallèle (de la mise en place de la TEOM et des actions incitatives) une réflexion est menée pour aller vers une TEOM incitative ».

Sur le fond, je me réjouis de la décision. Sur la méthode, je reste sur ma faim car il manque une pièce au dossier : le rapport d’étude sur la faisabilité de la redevance incitative. Pourquoi ne pas l’avoir publié ?

 A suivre,

 Francis Odier, 28 février 2012

Lire l'article complet - avec les extraits des procès verbaux de la communauté de communes du Grésivaudan et de la commune de Crolles.  Adieu la redevance incitative sur les déchets - vive la TEOM.pdf

Le rapport du Grenelle de l'Environnement - Comité Opérationnel Déchets : rapport_final_comop_22 - rapport Déchets - 2008.pdf

Un rapport au Sénat sur les déchets - avec mes salutations au sénateur Daniel Soulage, agriculteur et voisin de la famille : Rapport Senat - Soulage - déchetsr09-5711.pdf

Un rapport ancien, pour compléter votre collection sur l'histoire de la redevance incitative : Bilan sur tarification incitative - 2005 - la documentation française.pdf