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26 février 2012

La bibliothèque de Crolles porte son nom mais qui s'en souvient, en ce printemps des poètes ?

Gilbert Dalet dans sa cuisineGilbert Dalet, l'écrivain
(?/?/1905 - 24/01/2002)

Je l'ai connu à la fin de sa vie.
Il habitait seul dans la maison qu'il s'était construite. (Depuis, elle a été détruite pour laisser la place à la poste de Crolles !). Il écrivait toute la journée des chroniques. Il était heureux et riait volontiers des aléas de la vie. En hiver, lorsque je passais le voir, il me recevait dans sa cuisine car son bureau était inaccessible, tant il possédait de livres, d'albums et de revues. En été, nous passions des heures assis sur un banc, au pied de sa maison, le long de la nationale.
Il me racontait l'importance des mots : "Avec eux, tout devient possible. Ils ont guidé ma vie." Alors, ce sont à eux que je pense en écrivant cette chronique sur l'ami Gilbert.
Claude Muller

Gilbert Dalet au défilé du 1er maiLa musique des mots de Gilbert Dalet
Gilbert Dalet est un poète, un poète de l'Histoire. Cet enfant de l'Assistance, né à Paris en 1915 est élevé dans une campagne du Morvan par sa "Maman Marguerite". Après l'école normale de Grenoble, il est nommé instituteur à Saint Pierre d'Allevard. Il s'y marie avec Hélène Maurin qui comptera beaucoup pour lui tout au long de sa vie. Pendant la guerre, il héberge ceux qui sont traqués par l'Occupant et cache vivres et armes destinées aux maquis de Belledonne. Dans la résistance, il rencontre la romancière Thyde Monnier, celle qui lui donnera le goût d'écrire. A la Libération, il est engagé comme journaliste au "Patriote de Nice" puis revient en Isère au "Travailleur Alpin", alors quotidien. En 1952, il doit reprendre son métier d'enseignant. Il est instituteur à La Tronche puis directeur d'école à Brignoud.
En 1969, il vient s'installer à Crolles. La même année, il est élu membre titulaire du 17
e
fauteuil de l'Académie Delphinale.

Gilbert Dalet

Gilbert Dalet, l'auteur libre
Ombre sur les Adrets 1988A partir de là, il laisse courir sa plume inspirée par la musique des mots. Il devient chroniqueur aux "Affiches de Grenoble et du Dauphiné". Dans son premier roman, "Le parisien de la Marguerite", réédité sous le titre "L'odeur des noisettes", il met en scène, avec tendresse et émotion, son enfance Morvandelle. Si vous ne deviez lire qu'un seul de ses livres, c'est celui-là qu'il vous faut choisir. Il dépeint avec des mots heureux une enfance sensible dans une campagne naturelle. "Le grand étang dans son lit de sapins et son chandail de brumes au petit matin frais..." Ensuite, vous pourrez lire son "ouvrage essentiel"; "L'étrange figure du Baron des Adrets". Ce
tte biographie sera adaptée et jouée, aux Adrets même, par le Théâtre sous la Dent. En 1995, Gilbert Dalet publie un roman historique qui lui ressemble, "L'homme à tête pelée". Ce livre, qu'il avait d'abord écrit sous forme de feuilleton, raconte la vie du magistrat Grenoblois, Claude de Chaulnes, un poète libertin du XVIIIème siècle. Puis pour son plaisir et celui de ses nombreux lecteurs, Gilbert chronique en signant Gil Daisy. Ses plus beaux textes parus dans la presse sont regroupés sous le titre original : "Lettres de mon arbre". Il y donne libre cours à son humour décapant :
"
Je signe et je persiste, j'y tiens à mes contes même s'ils paraissent dormir debout parce qu'ils laissent des traces, eux…".

Livres Gilbert Dalet

Bibliotheque Gilbert Dalet.jpgLa bibliothèque Gilbert Dalet
C'est le 30 mars 2002 que la bibliothèque municipale de Crolles a choisi de porter le nom de Gilbert Dalet. C'est une belle pirouette de l'histoire pour celui qui, à douze ans, n'avait pour toute lecture que le catalogue de la Samaritaine. Au cours d'une cérémonie à la fois émouvante et joyeuse, comme Gilbert l'aurait aimée, le comédien et l'ami Daniel Dumas a lu des extraits des Lettres de mon arbre :
"Habitués que nous sommes à recevoir, à l'heure des pantoufles, les images-choc de l'actualité, de la tête du Landru quotidien à celle des maîtres de ce monde, ces presse-bouton dûment estampillés par le suffrage uni­versel, nous ne tressaillons même plus à la vue des squelettes titubants du Sahel qui nous condamnent pourtant irrémédiablement avec leurs yeux et leurs ven­tres dilatés. Ils sont trop."

Chronique de saison (juillet 1990) publiée dans "Lettre de mon arbre".
Gilbert Dalet
"Il y avait une fois la canicule. Au point, ma chère, qu'on ne sait plus où se mettre. Mais elle fournit un beau sujet de conversation, la canicule. Des inconnus s'abordent, histoire de raconter la nuit qu'ils ont passée. Tout n'est pas perdu. De la sueur sans les larmes, on a vu plus moche. D'accord, on économise l'eau mais la langue ne manque pas de salive. Ceux qui nous gouvernent et ceux qui pensent à les remplacer y vont de leurs petits mots assassins. La voilà la brise de l'été, la vraie surchauffe. Mon arbre lui-même me crie qu'il a soif mais il n'a pas le droit à l'arrosage. Je m'étais promis de donner à boire aux oiseaux. Car eux, ils ne parlent plus et on ne va pas leur demander de chanter. Il ne me reste plus que la crécelle de la corneille pour toute musique…."

Claude Muller avec la complicité de Gilbert Dalet et le regard d'Andrée Lancha, sa fille.

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